Dernière mise à jour : 03/04/05

«Les citations sont utiles dans les périodes d'ignorance ou de croyances obscurantistes»

Guy Debord, Panégyrique

Les maximes, proverbes et adages sont groupés sur une autre feuille. Ici, il vous faut du temps pour "faire couler".

Il faut que je vous avoue quelque chose : depuis quelques temps je passe chez http://rezo.net/ de temps en temps, juste pour me régaler de leurs citations. Depuis quelques jours, je voulais leur rendre hommage ici, c'est leur citation d'aujourd'hui qui m'a fait franchir le pas :

« J'aime à lire comme une poule boit, en relevant fréquemment la tête, pour faire couler. »
(Jules Renard)

Quelques repères (non-exhaustifs) sur cette feuille

Table des matières

Extrait du livre d'Henri Cartier-Bresson "L'imaginaire d'après nature" :

Voyager

la « joie devant la mort »

Des raisons à vivre, comme s'il en fallait !

Correspondance Sand <=> Musset

questions de savoir …

Pascal sur le passé, présent et l'avenir

103 justice, force.

139 divertissement.

quelques extraits de "la demande philosophique" de Jacques BOUVERSSE

L'ARGENT

Fourier et les absolus

Le doute absolu

La divergence absolue

Sur les faux-noms

La Religion pour l'Homme ou l'Homme pour la Religion ?



"La démocratie est un processus qui ne peut être crée par décret ni être imposée de l'extérieure. Elle doit se développer d'une façon endogène à l'intérieure de la société et se transformer en culture. Il lui faut de la tolérance."

Président Khatami à prince Charles, Téhéran, le 2/2/2004



Patrick Le Lay, PDG de TF1, interrogé parmi d’autres patrons dans un livre Les dirigeants face au changement (Éditions du Huitième jour) affirme[1] :

" Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste: à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible: c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...).
Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. "

"Je n'ai pas l'obsession de la photo. Je suis obsédé par ce que je vois, par la vie, par la réalité. La photo, c'est pour moi la joie de regarder avec un outil qui enregistre immédiatement. Mais ce n'est qu'un outil"
"L'appareil photographique est pour moi un carnet de croquis, l'instrument de l'intuition et de la spontanéité, le maître de l'instant qui, en termes visuels, questionne et décide à la fois. Pour signifier le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l'on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C'est par une économie de moyens et surtout un oubli de soi-même que l'on arrive à la simplicité d'expression.
Photographier : c'est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante; c'est alors que la saisie d'une image est une grande joie physique et intellectuelle. Photographier : c'est dans un instant et dans une même seconde reconnaître un fait et l'organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait. C'est mettre sur la même ligne de mire la tête, l'œil et le cœur. C'est une façon de vivre"

Henri Cartier-Bresson

Extrait du livre d'Henri Cartier-Bresson "L'imaginaire d'après nature" :

"Le reportage est une opération progressive de la tête, de l'oeil et du coeur, pour exprimer un problème, fixer un événement, ou des impressions. Un évènement est tellement riche qu'on tourne autour pendant qu'il se développe. On en cherche la solution. On la trouve parfois en quelques secondes, parfois elle demande des heures ou des jours; il n'y a pas de solutions standards; pas de recettes, il faut être prêt comme au tennis.
La réalité nous offre une telle abondance que l'on doit couper sur le vif, simplifier, mais coupe-t-on toujours ce qu'il faut ? Il est nécessaire d'arriver tout en travaillant, à la conscience de ce que l'on fait.
Quelques fois, on a le sentiment que l'on a pris la photo la plus forte et, pourtant, on continue à photographier, ne pouvant prévoir avec certitude comment l'évènement continuera de se développer. On évitera cependant de mitrailler en photographiant vite en machinalement, de se surcharger ainsi d'esquisses inutiles qui encombrent la mémoire et nuiront à la netteté de l'ensemble".



Voyager

« Les personnes qui travaillent beaucoup dans les limites d'une profession déterminée conservent presque sans changement leurs opinions générales sur les choses du monde : dans leur tête, elles se font toujours plus dures, plus tyranniques. Aussi les moments où l'homme est obligé d'abandonner son travail sont-ils d'une telle importance : c'est alors que de nouvelles idées et de nouveaux sentiments peuvent enfin recommencer à affluer, sa force n'étant pas encore épuisée par les quotidiennes exigences du devoir et de l'habitude. Nous autres, modernes, devons tous voyager beaucoup pour la santé de notre esprit : et l'on voyagera d'autant plus que l'on travaillera davantage. C'est donc au voyageur qu'auront à s'adresser ceux qui œuvrent à modifier les opinions générales.
Mais de cette considération précise découle une forme déterminée de communication : car la nature ailée et inquiète du voyage répugne à ces systèmes d'idées longuement développés qui ne se montrent accessibles qu'à l'attention la plus patiente et requièrent des semaines de silence, de solitude dans la plus grande retraite. Ces autres livres devront être de ceux que l'on feuillette souvent au lieu de les lire de bout en bout : telle phrase vous arrête aujourd'hui, telle autre demain, et un jour vient où l'on y repense de tout son cœur, pour et contre, la pénétrant et la dépassant, selon que vous pousse l'esprit, si bien que la tête y trouve chaque fois son aise et son plaisir. Cette réflexion ainsi stimulée — authentique, puisque sans contrainte — donne peu à peu naissance à un certain renversement général des opinions : et avec lui ce sentiment général de régénération intellectuelle qui fait penser que l'arc est armé d'une corde neuve et tendu plus fortement que jamais. On a voyagé avec profit. »


Nietzsche,
Fragments posthumes 1876-1878


"Mais je connais, car je les vois et je les vis, quelques-unes des caractéristiques de ce nouveau pouvoir qui n'a pas encore de visage, par exemple (...) sa décision de transformer paysans et sous-prolétaires en petits bourgeois, et surtout son ardeur pour ainsi dire cosmique à aller jusqu'au bout du « Développement » : produire et consommer. Le portrait robot de ce visage encore vide du nouveau Pouvoir lui attribue des traits « modernes » dus à une tolérance et à une idéologie hédoniste qui se suffit pleinement à elle-même, mais également des traits féroces et essentiellement répressifs : car sa tolérance est fausse et, en réalité, jamais aucun homme n'a du être aussi normal et conformiste que le consommateur ; quant à l'hédonisme, il cache évidemment une décision de tout préordonner avec une cruauté que l'histoire n'a jamais connue. Ce nouveau Pouvoir, que personne ne représente encore et qui est le résultat d'une « mutation » de la classe dominante est donc en réalité - si nous voulons conserver la vieille terminologie - une forme totale de fascisme."

PIER PAOLO PASOLINI, écrits corsaires, Flammarion, 1976.


« Boire de bon vin, se gorger de mets délicats, se rouler sur de jolies femmes,
se reposer dans des lits bien mollets ; excepté cela, le reste n'est que vanité. »
« Et qu'est-ce qu'une bonne éducation, sinon celle qui conduit
à toutes sortes de jouissances sans péril et sans inconvénient ? »

Diderot – Le Neveu de Rameau (18ème siècle.)

«Hommes, point ne suis soucieux de guerres et de glaives,
Mon astre seulement se lève Sur la luxure et les plaisirs vicieux !»

Abû Nuwâs – Poèmes bachiques et libertins (8ème siècle.)


Ceci est uniquement pour démontrer à quel point la langue française a subi des transformations :

« A vos volgra metre lo veit que'm pent
E mos colhons desobre'l cul assire
Eu non o dic mais per ferir sovent,
Car en fotre ai mes tot mon albire,
Que'l veit chanta, quant el ve lo con rire
E per paor que no'i venga'l gelos,
Li met mon veit e retenc los colhos.

A vous je voudrais mettre mon vit qui pend,
Et asseoir mes couilles au-dessus de votre cul ;
Et je ne dis cela que par désir de tirer des coups,
Car à foutre j'ai mis toute ma pensée.
Le vit ne chante-t-il pas quand il voit le con rire ?
Et par crainte que ne vienne le jaloux,
Je lui mets mon vit et je retiens mes couilles. »

 

Cobla obscène (Anonyme) - XIIIème siècle


la « joie devant la mort »

« Aucun terme n'est assez clair pour exprimer le mépris heureux de celui qui « danse avec le temps qui le tue » pour ceux qui se réfugient dans l'attente de la béatitude éternelle. Cette sorte de sainteté craintive – qu'il fallait tout d'abord mettre à l'abri des excès érotiques – a maintenant perdu tout son pouvoir : il n'y a plus qu'à rire d'une ivresse sacrée qui s'accordait avec une « sainte » horreur de la débauche. La pudibonderie est peut-être salutaire aux mal venus : cependant celui qui aurait peur des filles nues et du whisky aurait peu de choses à faire avec la « joie devant la mort » . C'est une sainteté éhontée, impudique, qui entraîne seule une perte de soi assez heureuse. La « joie devant la mort » signifie que la vie peut être magnifiée de la racine jusqu'au sommet. Elle prive de sens tout ce qui est au delà intellectuel ou moral, substance, Dieu, ordre immuable, ou salut. Elle est une apothéose de ce qui est périssable, apothéose de la chair et de l'alcool aussi bien que des transes du mysticisme. Les formes religieuses qu'elle retrouve sont les formes naïves qui ont précédé l'intrusion de la morale servile : elle renouvelle cette sorte de jubilation tragique que l'homme « est » dès qu'il cesse de se comporter en infirme : de se faire une gloire du travail nécessaire et de se laisser émasculer par la crainte du lendemain. »

Bataille – Acéphale n°5 « Folie, Guerre et Mort » – Juin 1939


Des raisons à vivre, comme s'il en fallait !

(J'ai de quoi remplir 10 vies, donnez-moi du temps ! Ceci en guise de regret, de ne pas avoir le temps de lire davantage Proust)

"A peine, comme un musicien qui entend dans sa tête la symphonie qu'il compose sur le papier a besoin de jouer une note pour s'assurer qu'il est bien d'accord avec la sonorité réelle des instruments, je me levais un instant et j'écartais le rideau de la fenêtre pour bien me mettre au diapason de la lumière. Je m'y mettais aussi au diapason de ces autres réalités dont l'appétit est surexcité dans la solitude et dont la possibilité, la réalité donne une valeur à la vie : les femmes qu'on ne connaît pas. Voici qu'il en passe une, qui regarde de droite et de gauche, ne se presse pas, change de direction, comme un poisson dans une eau transparente. La beauté n'est pas comme un superlatif de ce que nous imaginons, comme un type abstrait que nous avons devant les yeux, mais au contraire un type nouveau, impossible à imaginer que la réalité nous présente. Ainsi, de cette grande fille de dix-huit ans, à l'air dégourdi, aux joues pâles, aux cheveux qui frisent. Ah ! si j'étais levé. Mais du moins, je sais que les jours sont riches de telles possibilités, mon appétit de la vie s'en accroît. Car parce que chaque beauté est un type différent, qu'il n'y a pas de beauté mais des femmes belles, elle est une invitation à un bonheur qu'elle seule peut réaliser.
Qu'ils sont délicieux et douloureux, ces bals où se mêlent devant nous non pas seulement les jolies jeunes filles à la peau embaumée, mais les files insaisissables, invisibles, de toutes ces vies inconnues de chacune d'elles où nous voudrions pénétrer ! Parfois l'une, du silence d'un regard de désir et de regret, nous entrouvre sa vie, mais nous ne pouvons pas y entrer autrement que par le désir. (...)
J'aperçois un de ces êtres qui nous dit par son visage particulier la possibilité d'un bonheur nouveau. La beauté, en étant particulière, multiplie les possibilités de bonheur. Chaque être est comme un idéal encore inconnu qui s'ouvre à nous. Et de voir passer un visage désirable que nous ne connaissons pas nous ouvre de nouvelles vies que nous désirons vivre. Ils disparaissent au coin de la rue, mais nous espérons les revoir, nous restons avec l'idée qu'il y a bien plus de vies que nous ne pensions en vivre, et cela donne plus de valeur à notre personne. Un nouveau visage qui a passé, c'est comme le charme d'un nouveau pays qui s'est révélé à nous par un livre. Nous lisons son nom, le train va partir. Qu'importe si nous ne partons pas, nous savons qu'il existe, nous avons une raison de plus de vivre. Ainsi, je regardais par la fenêtre pour voir que la réalité, la possibilité de la vie que je sentais en chaque heure près de moi contenaient d'innombrables possibilités de bonheurs différents. Une jolie fille de plus me garantissait la réalité, la multiformité du bonheur."
Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve

"Don Juan : Eh bien, je te donne la liberté de parler et de me dire tes sentiments.

Sganarelle : En ce cas, monsieur, je vous dirai franchement que je n'approuve point votre méthode, et que je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faites.

Don Juan : Quoi ! tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non, la constance n'est bonne que pour des ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cœurs. Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne? J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable, et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. On goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur, et la mener doucement où nous avons envie de la faire venir. Mais, lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une conquête à faire. Enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses.

Sganarelle : Vertu de ma vie, comme vous débitez ! Il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre."

Molière, Don Juan (1665)


"Si je lis avec plaisir cette phrase, cette histoire ou ce mot, c'est qu'ils ont été écrits dans le plaisir (ce plaisir n'est pas en contradiction avec les plaintes de l'écrivain). Mais le contraire ? Écrire dans le plaisir m'assure-t-il - moi écrivain - du plaisir de mon lecteur ? Nullement. Ce lecteur, il faut que je le cherche, (que je le "drague"), sans savoir où il est. Un espace de la jouissance est alors créé. Ce n'est pas la "personne" de l'autre qui m'est nécessaire, c'est l'espace : la possibilité d'une dialectique du désir, d'une imprévision de la jouissance : que les jeux ne soient pas faits, qu'il y ait un jeu."
Roland Barthes, Le plaisir du texte

Correspondance Sand <=> Musset

"Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser, je garde le souvenir de notre
baiser et je voudrais que ce soit
là, la preuve que je puisse être aimée
par vous, je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez aussi me voir
dévoiler sans artifice mon âme
nue, daignez me rendre visite
nous parlerons franchement en amis
je vous prouverai que je suis la femme
sérieuse, capable de vous offrir l'amitié
la plus profonde comme la plus étroite
en un mot la meilleure épouse
que vous puissiez imaginer. Puisque votre
âme est libre, pensez que ma solitude su-
bite est longue, bien dure, souvent
pénible. Je sais que j'ai l'âme é-
branlée. Accourez-vite me la
guérir. A l'amour, je viens me sou-
mettre entièrement."
George Sand, Correspondances
Avez-vous compris l'astuce ? Pour le savoir, cliquez ici !

Et voici la réponse d'Alfred de Musset, son amant :

> Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
> Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
> Vous avez capturé les sentiments d'un cœur
> Que pour vous adorer forma le Créateur.
> Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
> Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
> Avec soin de mes vers lisez les premiers mots :
> Vous saurez quel remède apporter à mes maux. 

Savez-vous l'astuce d'Alfred de Musset ?

La réponse est au même endroit.

questions de savoir …

"Il y a deux manières d'ignorer les choses: la première, c'est de les ignorer; la seconde, c'est de les ignorer et de croire qu'on les sait. La seconde est pire que la première."

Victor Hugo

Qui ne sait pas, et ne sait pas qu'il ne sait pas
Restera pour toujours dans sa double ignorance

Qui ne sait pas, mais sait qu'il ne sait pas
En boitant, se frayera un chemin à sa convenance
Qui sait, mais ne sait pas qu'il sait
Réveille-le, pour qu'il puise sortir de son inconscience
Qui sait, et sait qu'il sait
S'échappera de l'Univers, faisant assaut de magnificence

(Traduction de 4 vers en Persan)

De ces deux infinis des sciences celui de grandeur est bien plus sensible, et c' est pourquoi il est arrivé à peu de personnes de prétendre connaître toutes choses. Je vais parler de tout, disait Démocrite.

Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets [Document électronique] / [Blaise Pascal]

Et voilà pourquoi Démocrite était supérieure à Pascal. L'essentiel est de tout vouloir savoir. Pascal est piégé dans ses propres propos : sa croyance absolue en Dieu ne rime pas avec sa phrase : "Voilà notre état véritable. C' est ce qui nous rend incapables de savoir certainement et d'ignorer absolument."

A comparer avec un proverbe iranien : "Toutes les choses" sont connues de « tout le monde », Mais « tout le monde » n'est pas encore né de sa mère !

Les sciences ont deux extrémités qui se touchent, la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant, l' autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir trouvent qu' ils ne savent rien et se rencontrent en cette même ignorance d' où ils étaient partis, mais c' est une ignorance savante qui se connaît. Ceux d' entre deux qui sont sortis de l' ignorance naturelle et n' ont pu arriver à l'autre, ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus.
Ceux-là troublent le monde et jugent mal de tout. Le peuple et les habiles composent le train du monde ;
ceux-là le méprisent et sont méprisés. Ils jugent mal de toutes choses, et le monde en juge bien."

Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets [Document électronique] / [Blaise Pascal]


" Oh, qué angustia ! (La ignorencia es buena para quien no sabe nada)"
" Oh, quelle angoisse ! (L'ignorance est bonne pour celui ne sait rien) ".

José Zacarias Tallet, " Una Interrogacion ", in Poésie cubaine du XXe siècle, traduit et présenté par Claude Couffon, éditions Patino.


Pascal sur le passé, présent et l'avenir

47 nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous
rappelons le passé ; nous anticipons l' avenir comme
trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous
rappelons le passé pour l' arrêter comme trop prompt,
si imprudents que nous errons dans des temps qui ne
sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous
appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui
ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul
qui subsiste. C' est que le présent d' ordinaire nous
blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu' il nous
afflige, et s' il nous est agréable nous regrettons de
le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par
l' avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont
pas en notre puissance pour un temps où nous n' avons
aucune assurance d' arriver.
Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toutes
occupées au passé ou à l' avenir. Nous ne pensons
presque point au présent, et si nous y pensons ce n' est que pour en
prendre la lumière pour disposer de l' avenir. Le
présent n' est jamais notre fin.
Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul
avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais
nous espérons de vivre, et nous disposant toujours à
être heureux il est inévitable que nous ne le soyons
jamais.

103 justice, force.

Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est
nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.
La justice sans la force est impuissante, la force
sans la justice est tyrannique.
La justice sans force est contredite, parce qu' il y a
toujours des méchants. La force sans la justice est
accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la
force, et pour cela faire que ce qui est juste soit
fort ou que ce qui est fort soit juste.
La justice est sujette à dispute. La force est très
reconnaissable et sans dispute. Aussi on n' a pu donner la force à la justice,
parce que la force a contredit la justice et a dit
qu' elle était injuste, et a dit que c' était elle qui
était juste.
Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort
on a fait que ce qui est fort fût juste.

139 divertissement.

On charge les hommes dès l' enfance du soin de leur
honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien
et de l' honneur de leurs amis, on les accable d' affaires
de l' apprentissage des langues et d' exercices, et
on leur fait entendre qu' ils ne sauraient être heureux,
sans que leur santé, leur honneur, leur fortune, et
celles de leurs amis soient en bon état, et qu' une
seule chose qui manque les rendra malheureux. Ainsi on
leur donne des charges et des affaires qui les font
tracasser dès la pointe du jour. Voilà direz-vous une
étrange manière de les rendre heureux ; que pourrait-on
faire de mieux pour les rendre malheureux ? Comment,
ce qu' on pourrait faire : il ne faudrait que leur ôter
tous ces soucis, car alors ils se verraient, ils
penseraient à ce qu' ils sont, d' où ils viennent, où ils
vont, et ainsi on ne peut trop les occuper et les
détourner.
Et c' est pourquoi, après leur avoir tant
préparé d' affaires, s' ils ont quelque temps de relâche,
on leur conseille de l' employer à se divertir, et
jouer, et s' occuper toujours tout entiers.
Que le coeur de l' homme est creux et plein d' ordure.

« L'information a grandi plus vite que la culture. Le bourrage de crâne a toujours existé. Disons qu'il est plus dilué ! Il atteint plus de monde par plus de moyens. Il tombe sur des gens atiqués, mal armés pour réfléchir par eux-mêmes. »


(Georges Brassens)


Ainsi, on le voit, le chemin est long qui conduit à retrouver la colline, un moment oubliée. Le travail qui conduit à la réappropriation de la culture originelle, par une victoire sur la honte culturelle, est une véritable socio-analyse, que l'on n'est jamais sûr d'avoir accompli jusqu'au bout. Notamment parce que le dépassement du reniement initial ne peut prendre la forme d'un reniement de ce qui l'a déterminé, c'est-à-dire de toutes les ressources qu'offre la culture dominante. Ce qui fait toute la difficulté du cheminement vers la réconciliation avec soi, c'est que les instruments qui permettent de se réapproprier la culture reniée sont fournis par la culture qui a imposé le reniement. La dernière ruse de la culture dominante réside peut-être dans le fait que la révolte qu'elle suscite risque d'interdire l'appropriation des instruments qui, comme l'ethnologie, sont la condition de la réappropriation de la culture dont elle a favorisé le reniement.

L'Odyssée de la réappropriation, par Pierre Bourdieu


quelques extraits de "la demande philosophique" de Jacques BOUVERSSE

" ... Nous renoncerons à soutenir l'idée que le mot vérité puisse être appliqué correctement en philosophie. Si la philosophie ne nous propose pas de schémas abstraits des faits, explications et instruments de prévision d'une expérience effective ou possible, quel sens pourrait-on donner à des "vérités philosophiques", si ce n'est celui de prescriptions et d'impératifs ? Or nous avons également récusé cet aspect directement normatif de la philosophie, que nous aborderons bientôt sous le nom d'idéologie. LA philosophie, en tant que telle, ne dit ni le vrai ni le juste, même et surtout lorsqu'elle paraît s'en arroger le pouvoir ...Tout au plus pourrait-on dire qu'elle le signifie ou le commente."

Gilles-Gaston Granger, pour la connaissance philosophique, Éditions Odile Jacob, paris, 1988, pp. 20, cité à la page 89

"Un test minimum du mérite intrinsèque de quoi que soit d'écrit est celui-ci, qu'une raison non-historique puisse être donnée pour laquelle il devrait être lu : une raison (...) absolument indépendante du fait que d'autres personnes l'ont lu"

David Stove, The Plato Cult and other Philosophical Follies, pp. 173. Cité à la page 96.

Qui ne constate qu'un bonne partie des grands philosophes du passé ont été en même temps "des scientifiques à la recherches d'une conception organisée de la réalité."

W. v. O. Quine, "Has Philosophy Lost Contact with People?",in Theories and Things, pp. 191. Cité à la page 114

Peirce attribuait c qu'il appelle "l'état actuel infantile de la philosophie" au fait que "pendant ce siècle elle a été poursuivie principalement par des hommes qui n'ont pas été éduqués dans des salles de dissection et d'autres laboratoires, et qui, à cause de cela, n'ont pas été animés par le véritable Eros scientifique, mais qui sont venus au contraire de séminaires théologiques et ont par conséquent été enflammés par un désir de réformer leurs propres vies et celles des autres, un désir qui est certainement plus important que l'amour de la science pour des hommes dans des situations moyennes, mais qui les rends radicalement inaptes à des recherches scientifiques."

C. S. Peirce, Reasoning and the Logic of Things, edited by Kenneth Laine Ketner, with an Introduction by Kenneth Laine Ketner and Hilary Putman, Harvard University Press, Cambridge, 1992, P. 107-108. Cité à la page 125

Le langage nous importe en philosophie parce que la réalité nous importe, parce que nous voulons pouvoir rendre au langage ce qui est au langage ce qui est au langage et à la réalité ce qui est à la réalité. Si, comme Wittgenstein le dit, on doit se garder en philosophie contre la tentation constante de prédiquer de la chose ce qui réside dans le mode de représentation, c'est bien parce que ce qui nous intéresse est la réalité elle-même et non ce que le langage nous oblige apparemment à croire ou à supposer à son sujet.

page 134


" Mon livre ne prétend point d'obliger le lecteur ; car son dessein n'est pas de le lire pour m'obliger ; et puisqu'il lui est permis de me blâmer, qu'il me soit permis de lui déplaire. "

Théophile de Viau 17ème siècle, lu dans l'Huma 23/10/2002



" Je n'ai pas adhéré à une philosophie en m'inscrivant à votre parti, lui expliquait-il. J'ai adhéré à une lutte et à des hommes. "
" Demandons-nous, poursuivait-il, quels sont les défauts et les vices de notre attitude envers la culture qui ont pu dessécher à ce point les rapports entre politique et culture. Ils nous viennent peut-être de ce que l'aliment spirituel qui gonfle le marxisme dans son voisinage attire trop de petits intellectuels qui s'en nourrissent et vivent grâce à lui au-dessus de leurs revenus, trop de petits intellectuels qui, incapables de vivre sur leur propre fonds, deviennent ses hargneux cerbères. Petit-bourgeois, décadent, individualiste sont les qualificatifs les plus doux que les poètes et les penseurs se voient attribuer par ces suiveurs zélés d'un prétendu marxisme. Et nous, quand nous entendons traiter de scribouilleurs des écrivains de premier ordre, nous nous sentons tout diminués. Il nous semble que notre métier s'en trouve diminué, que la culture elle-même en est diminuée et que nos efforts révolutionnaires ne seront jamais reconnus comme tels par nos camarades politiques. "

extraits d'une lettre d'Elio Vittorini, grand écrivain (les Hommes et les autres) et communiste antidogmatique, 1947 !


L'ARGENT

Il peut acheter une maison
Mais pas un foyer

Il peut acheter un lit
Mais pas le sommeil

Il peut acheter une horloge
Mais pas le temps

Il peut acheter un livre
Mais pas la connaissance

Il peut acheter une position
Mais pas le respect

Il peut payer le médecin
Mais pas la santé.

Il peut acheter du sang
Mais pas la vie

Il peut acheter du sexe
Mais pas de l'amour

(PRÉCEPTE CHINOIS)


" Yo quiero salir del mundo
por la puerta natural :
En un carro de hojas verdes
A morir me han de llevar. "   

José Marti. " Moi, je veux quitter ce monde/Par la porte naturelle :/Sur un char de feuilles vertes/Qu'à la tombe on me conduise. ", aux Éditions Patino.


Fourier et les absolus

Le doute absolu

« Il convient d'appliquer le Doute à la Civilisation, de douter de son
utilité et de sa durée. Ce sont les problèmes que les philosophes
appréhendent, car en doutant de la Civilisation ils pourraient nourrir
des soupçons de nullité même envers leurs propres théories. Quand à
moi, qui n'adhérait à aucun parti politique, j'ai pu adopter le
concept du Doute absolu et l'appliquer dans un premier temps à la
civilisation et à ses préjugés les plus invétérés » .

La divergence absolue

« Je m'étais rendu compte, que la façon la plus sure pour accéder à
quelques découvertes utiles était celle de s'éloigner, à tous les
niveaux, des sentiers battus des sciences incertaines, qui malgré les
immenses progrès de l'industrie, n'avaient pas réussi à prévenir l'
indigence »

Charles Fourier.


Sur les faux-noms

Quelque chose me dit qu'il faut être iranien pour frissonner du bonheur en lisant ces lignes de Giono ! Et j'espère avoir tort ! Beaucoup de gens, en Iran et ailleurs, n'ont pas encore compris que la lutte principale, plus exactement essentielle, est, plus que jamais, entre la vie et la mort. Et à bien des grands, du reste comme Jean l'avaient déjà compris, dans cette lutte, tous les intégristes, qu'ils se nomment Khomeyni ou Bush ou Berlusconi, se trouvent dans le même camp, du même côté de la barrière.

Giono"Si encore tu étais mort pour des choses honorables: si tu t'étais battu pour des femmes ou en allant chercher la pâture de tes petits. Mais non, d'abord on t'a trompé et puis on t'a tué à la guerre.

Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse de cette France que tu as, paraît-il, aidé à conserver, comme moi? Qu'est-ce que tu veux que nous en fassions, nous qui avons perdu tous nos amis? Ah! S'il fallait défendre des rivières, des collines, des montagnes, des ciels, des vents, des pluies, je dirais: "D'accord c'est notre travail. Battons-nous, tout notre bonheur de vivre est là." Non, nous avons défendu le faux-nom de tout ça. Moi, quand je vois une rivière, je dis "rivière"; quand je vois un arbre, je dis "arbre", je ne dis jamais "France". Ca n'existe pas.

Ah! Comme je le donnerais tout entier ce faux-nom pour qu'un seul de ceux qui sont morts, le plus simple, le plus humble vive. Rien ne peut être mis en balance avec le cœur d'un homme. Ils sont toujours là à parler de Dieu! C'est Dieu qui a donné le petit coup d'index au balancier de la pendule de sang au moment où l'enfant tombait du porche de sa mère. Ils sont toujours là à parler de Dieu, et puis la seule chose qui soit son travail de bon ouvrier, la seule chose qui soit une oeuvre de Dieu, la vie qu'il oeuvre seul, malgré toutes vos sciences d'imbéciles à lunettes, la vie vous la gâchez à plaisir dans un mortier infâme de boue et de crachats, avec la bénédiction de toutes vos églises . La belle logique! Il n'y a pas de gloire à être Français. Il n'y a qu'une seule gloire: c'est d'être vivant
"

(Jean Le Bleu), grâce à http://users.info.unicaen.fr/~vannier/Pages/Lectures/Giono.htm




" Anoto para aquellos que manana / miraran hacia nosotros como el pasado y el recuerdo "

Felix Pita Rodriguez (" J'écris pour ceux là qui demain/verront en nous le passé et le souvenir. ")


" La terre rebelle, inculte, est celle de l'origine, le ciel excessif, le silence abyssal. L'air cru étourdit. Les blocs sourds proclament, sans phrases, la brièveté fulgurante de nos vies, la vanité de nos vues, la fatalité de l'oubli. "

Pierre Bergounioux : Un peu de bleu dans le paysage, aux éditions Verdier.


"Le pouce gauche sur le poignet droit, je sens battre mon cœur. Un long moment je reste à l'écoute de ce rythme fidèle et impérieux qui m'accompagne depuis ma naissance et constitue la trame de mon existence. A travers la séquence ininterrompue des parents et des grands-parents qui me l'ont légué, ce battement sous mon pouce me relie directement au passé lointain de la vie terrestre et m'insère dans une histoire qui dure depuis des centaines de millions d'années. Je m'inscris dans ce moment précis de l'histoire du monde. Pendant quelques décennies, je tiens le flambeau de la conscience que m'assure ce battement de cœur. Comme tant d'autres auparavant, il s'éteindra tandis que d'autres s'allumeront."

Hubert Reeves


"travailler, c'est entreprendre de penser autre chose que ce qu'on pensait avant. Le rôle d'un intellectuel, est de secouer les habitudes, les manières de faire et de penser -"

"La question de la philosophie, disait Foucault en 1977, c'est la question de ce présent qui est nous-mêmes. C'est pourquoi la philosophie aujourd'hui est entièrement politique et entièrement historienne. Elle est la politique immanente à l'Histoire, elle est l'Histoire indispensable à la politique."

« Les révolutions éthiques sont les plus prometteuses » .

Michel Foucault

Et le pire, c'est qu'une fois goûté à ce plaisir de se remettre en question, on n'en aura jamais assez, à condition qu'on avance sur le chemin de la connaissance objective !


La Religion pour l'Homme ou l'Homme pour la Religion ?

Paroles prononcé par Khatami, le 30/12/2001 :

"Dans l'Histoire, ceux qui ont pris leurs interprétations obscures et étroites pour la Religion, et qui ont voulu l'Homme pour la Religion, ont fait de la vie ici-bas un enfer. Par contre, si nous voulons la religion pour l'Homme, toutes choses, comme l'Art, la science et la Religion, trouveront leurs places véritables."

Quand je vous dis qu'une grande Révolution est en marche en Iran ..., encore de lui : 

"transformons nos ennemies en adversaires et nos adversaires en amis"

Khatami, un président philosophe (en connaissez-vous d'autres ??), à comparer avec ceci de l'oncle George (Brassens):

"au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi - mieux vaut attendre qu'on le transforme en ami"

Tout est l'affaire de la durée, du temps. De nos jours, les vrais philosophes ne sont pas où on les cherchent !


" Je n'ai pas toujours été l'homme que je suis. J'ai toute ma vie appris pour devenir l'homme que je suis, mais je n'ai pour autant pas oublié l'homme que j'ai été, ou à plus exactement parler les hommes que j'ai été. Et si entre ces hommes-là et moi il y a contradiction, si je crois avoir appris, progressé, changeant, ces hommes-là quand, me retournant, je les regarde, je n'ai point honte d'eux, ils sont les étapes de ce que je suis, ils menaient à moi, je ne peux pas dire moi sans eux.
Je connais des gens qui sont nés avec la vérité dans leur berceau, qui ne se sont jamais trompés, qui n'ont pas eu à avancer d'un pas de toute leur vie, puisqu'ils étaient arrivés quand ils avaient encore la morve au nez. Ils savent ce qui est bien, ils l'ont toujours su. Ils ont pour les autres la sévérité et le mépris que leur confère l'assurance triomphale d'avoir raison. Je ne leur ressemble pas. La vérité ne m'a pas été révélée à mon baptême, je ne la tiens ni de mon père ni de la classe de ma famille. Ce que j'ai appris m'a coûté cher, ce que je sais, je l'ai appris à mes dépens. Je n'ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrement que par le doute, l'angoisse, la sueur, la douleur de l'expérience. Aussi ai-je le respect de ceux qui ne savent pas, de ceux qui cherchent, qui tâtonnent, qui se heurtent. Ceux à qui la vérité est facile, spontanée, bien entendu j'ai pour eux une certaine admiration mais, je l'avoue, peu d'intérêt... "

Aragon, Il faut appeler les choses par leur nom, les Lettres Françaises, nø 771, du 30 avril au 6 mai 1959.


" C'est le libre développement des individualités [...] , à quoi correspond la formation artistique, scientifique, etc. des individus grâce au temps libéré et aux moyens créés pour eux tous. "

Karl Marx


" principe espérance " :  une dialectique interactive du refus d'un monde inhumain d'exploitations, d'oppressions et d'inégalités, et d'actions conscientes et volontaires pour mettre les sociétés humaines en harmonie avec l'exigence du " bonheur commun ".

Ernst Bloch


Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire,
c’est qu’il n’admet rien sans preuve,
qu’il n’acquiesce point à des notions trompeuses
et qu’il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux.
Cet ouvrage (encyclopédie) produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits,
et j’espère que
les tyrans,
les oppresseurs,
les fanatiques
et les intolérants n’y gagneront pas.
Nous aurons servi l’humanité.

(Lettre de Diderot à Sophie Volland du 26 septembre 1762.)


Engagement politique : " L'engagement n'est pas un embrigadement, il faut pouvoir rompre et changer : changer nos têtes, avoir pour beau mandat d'être infidèle à tout, devenir maître et le rester. "
« Il ne s'agit pas d'une carrière, ni d'adhésion à un parti, mais du libre choix de lutter pour devenir libre. Pour mériter le droit d'influencer des hommes qui luttent, il faut d'abord participer à leurs combats, il faut d'abord accepter beaucoup de choses si l'on veut essayer d'en changer quelques-unes. »
Liberté : " ce petit mouvement qui fait qu'un homme peut toujours faire quelque chose de ce qu'on a fait de lui, un être social totalement conditionné peut toujours être une personne qui ne restitue pas la totalité de ce qu'elle a reçu de son conditionnement "

Jean-Paul Sartre de  Morceaux choisis de : Jeannette Colombel, " Lettre à Mathilde sur Jean-Paul Sartre ", le Livre de poche


"Le marché - qui n'est après tout rien d'autre que l'ensemble des clients qui achètent ou peuvent acheter une production - n'est en aucun cas un mythe et encore moins une idéologie, cette représentation du rapport imaginaire des individus à leurs conditions réelles d'existence."

Althusser

" la morale est un traitement imaginaire des problèmes réels "

Pour Marx, Louis Althusser


Astuce de George Sand :

Post-scriptum : Prendre une ligne sur deux ....... et les premiers mots de chaque ligne de celle de Musset