Dernière mise à jour :  04/05/2003

 

Pour Bertrand Delanoë

C'est à 4 H 30 ou 5 H du matin, sur les parvis de l'Hôtel de ville, que le vendeur du Parisien nous apprend que Bertrand Delanoë a reçu un coup de couteau dans le ventre. Avec quelques amis, on était au milieu de nos périples dans cette superbe Nuit blanche : Musée Zedkine, Oberkampf, les anciennes pompes funèbres (où j'aurai pu le rencontrer, s'il n'y avait pas foule), Montmartre, la BNF. Cette première édition dont  le gros titre du journal annonçait déjà le succès. On n'est pas entré à l'Hôtel de ville, le cœur n'y était plus, bien qu'un copain émet des doutes sur la véracité de cet événement, tellement il nous paraît invraisemblable. En remontant sur mon vélo, une tristesse m'a envahi contrastant avec la joie que je ressentais jusqu'à quelques minutes auparavant en parcourant Paris de long en large sur ma Rolls (c'est le surnom de mon vélo). Faut dire que j'ai de plus en plus du mal à comprendre les actes violents. En plus, j'apprécie ce nouveau maire ; tout simplement parce qu'il s'efforce de montrer un nouveau visage de la politique au citoyens. Je pense souvent à lui et à son équipe. Aussi souvent que je me trouve dans un couloir large de 4m50 pour bus et vélo à Paris, et je les remercie ! (Il y a un an, je me suis insurgé contre la "mollesse" du soutien de mon association MDB à l'initiative de la mairie concernant l'interdiction aux voitures des voies sur berges pendant un mois).

Sans vouloir passer au peigne fin le travail de l'équipe municipal (ce dont je suis incapable), cette équipe nous démontre que la politique concerne avant tout le choix de vie de tous les jours (et donc de son cadre). Qu'elle peut, et doit, être noble. Et elle l'est quand elle ne sert pas les intérêts des politicards, comme l'escroc logé à l'Élysée ou "l'état major du PS".

Le nouvelle équipe municipale de Paris a déjà fait quelque chose : mise en place de couloirs de bus protégés par des murets infranchissables pour diminuer la place de la voiture ; achats dans les quartiers huppés d'immeubles destinés au logement social ; augmentation du nombre de crèches, Paris-Plage, pendant un mois d'été.

Cette Nuit blanche nous a montré qu'il y a des potentiels inexplorées de "vivre ensemble". A l'instar de la fête de la musique, elle doit s'affirmer et s'étendre. Et pourquoi pas le premier samedi soir de l'automne ? Ainsi nous irons, ou plutôt retournerons,  de plus en plus vers les fêtes païennes, réjouissances plus en rapport avec la nature (les saisons) dont nous faisons partie ; à l'image de la fête de la musique, le jour le plus long. Il se trouve qu'une fête au début de l'automne pourra rappeler la grande fête pré-islamique des Iraniens "Mehrgân" (adorant le soleil "Mehr", c'était une semaine de fête de 10ème à 16ème jour de l'automne), qui est aussi la fête des vendanges. Après on s'occupera de la fête de "la renaissance de la lumière" (en Iran, c'est la nuit la plus longue qui est fêté et doit être Blanche, puisque à partir de cette nuit les jours recommencent à s'allonger) soi-disant Noël, et la plus grande de toutes : la fête de Printemps (Nouvel An iranien, l'équinoxe du printemps). Le changement de calendrier, pour revenir sur le calendrier naturel et "révolutionnaire" (adopté après la Grande révolution de 1789, sans commettre les excès du 18ème siècle dus aux nombrilisme) sera le bouquet final.

Je me réjouis de vivre dans un pays où l'homosexualité d'un candidat joue un rôle aussi minime dans son élection (dans le Monde actuel,  j'aurai plutôt dû dire dans son non-élection), à tel point que c'est la radio (en annonçant le motif  homophobe de l'agresseur) qui apprend à ma copine que Bertrand est homosexuel. Je le savais, et même depuis quelques temps, je me demande si une partie de sa manière d'être à lui, (sa gentillesse, son honnêteté et son respect des autres par exemple) qui  le distingue si bien des autres, ne vient pas de sa homosexualité. De là à penser que moi, hétérosexuel, je rate quelque chose ... Il est malheureux de penser que cette simplicité, qui s'illustre bien dans son refus d'avoir des gardes de corps, vient de lui jouer un mauvais tour.

Enfin, tout ceci pour dire un grand merci à Mr. Bertrand Delanoë, pour qu'il continue à profiter pleinement de la vie, et pour tous ce qu'il a fait.

Bon et rapide rétablissement cher Bertrand !

09/10/02