Dernière mise à jour :  04/05/2003

Joyeuses Fêtes !!

Je vous souhaite de joyeuses fêtes à l'occasion de la renaissance de la Lumière. En effet, cette nuit, la plus longue dans l'hémisphère Nord, est fêtée depuis la nuit des temps (voir par exemple http://www.consultsos.com/pandora/intro.htm où il est dit : "Christmas feasts are entangled with pre-Christian notions ... Noel ... the birthday of MITHRA on December 25th ... SATURNalia festivities when all men were declared to be equal ... JANUS who ushered JANUARY ... EPIPHANY which for many CHRIStians is CHRISTmas").
 
C'est à ce titre qu'elle est toujours fêtée en Iran (vestige de Mithraïsme ?), où, au premier jour de l'hiver, on mange les fruits de l'été comme le pastèque. Dans les temps reculés, tous les iraniens, même le roi !, devaient s'habiller de la même manière pendant cette journée de fête, un clin d'œil évident aux festivités Saturnalia.
 
Et puisque, je dirai comme d'habitude, la neige manque à Paris, je vous offre une photo prise à Téhéran il y 2 jours.
 
Je me plais à penser qu'un jour viendra où les mythes,  tous les mythes, occuperont la (juste) place qu'ils méritent sur Terre. Nous ne verrons pas ce jour-là, mais cela ne m'empêche pas de chérir, et de plus en plus, les plus anciens entre ces mythes. Ceux-là même qui nous parlent par exemple d'Hébé, déesse de jeunesse, qui perdit sa charge d'échanson des dieux pour avoir laissé tomber une coupe. Et qui ont amené Horace à dire :
 
Carpe diem quam minimum credula postero
"Jouis du temps présent, compte sur l'avenir le moins que tu peux", Horace, Odes, I, 11, 8.

Ecrit un jour de Saturne ("saturday") 22/12/02

 

Pour les origines de Noël, voir, entre autres : Christmas' pagan origins

Et comme cadeau voici un conte des temps immémoriaux, tiré de pages 221, 222 Mythe et Épopée II, du Dumézil, qui cite al Tha'ilibi (Histoire des rois des Perses p. 149-152) :

Un jour que, se tenant sur la terrasse de l'un de ses palais,
il contemplait les champs verdoyants qui se trouvaient tout
autour, son regard, aussi loin qu'il le portait, ne rencontrait
que la verdure. Pendant que, charmé de cette preuve visible
de la culture, il jouissait et repaissait ses yeux de la beauté du
spectacle, il aperçut au loin, dans un interstice de verdure,
quelque chose de noir sur du blanc. Ayant donné l'ordre d'y
envoyer en toute hâte un homme qui lui en apporterait l'expli-
cation, le messager, à son retour, raconta qu'un homme se
rendant d'un village à un autre, complètement ivre, était tombé
dans le champ comme un corps mort et qu'un corbeau, s'étant
abattu sur lui, lui avait arraché les yeux. Kay Kobâd, très
affecté par ce fait, fit proclamer la défense de boire du vin et
les peines les plus sévères contre les buveurs. Alors, le peuple
s'abstint de boire du vin pendant un certain temps.
Or il advint un jour qu'un lion s'étant échappé de la ména-
gerie, personne ne put l'arrêter ni le ramener, jusqu'à ce que
vînt à passer un jeune homme qui le saisit par les oreilles, le
monta comme on monte un âne et le fit marcher docilement,

puis le remit à ses gardiens. Son aventure fut rapportée à Kay
Kobâd qui en fut fort étonné et dit: « Le jeune homme ne
peut être que fou ou ivre.» Il le fit appeler et lui dit: " Fais-
moi connaître sans mentir comment tu as pu être assez témé-
raire pour aborder le lion et le monter, et tu seras exempt de
blâme." Le jeune homme répondit: « Sache, ô roi, que j aime
une cousine, qui est tout pour moi dans le monde. J'avais la
promesse de mon oncle qu'il me la donnerait pour femme,
mais il a manqué à sa parole et l'a mariée à un autre, à cause de
mon humble position et de mon dénuement. Quand j'en fus
instruit, je fus sur le point de me tuer et mon désespoir fut
extrême. Alors ma mère, qui avait pitié de moi, me dit: "Ceci,
mon fils, est un chagrin que tu ne pourras vaincre que par
trois coupes de vin, qui te soulageront un peu. -Comment
pourrais-je boire du vin, lui dis-je, étant donné la défense
du roi ?" Elle me dit: "Bois en te cachant; la nécessité
rend licite la chose défendue
; d'ailleurs, qui te dénoncera ?"
Alors je bus quelques coupes après avoir mangé du kebab,
je sortis avec toute la force du vin, de la jeunesse et de l'amour,
et j'accomplis mon exploit avec le lion.» Le roi fut fort étonné.
Il fit venir l'oncle du Jeune homme et lui ordonna de rompre le
mariage de son gendre et de sa fille et de marier celle-ci avec
son neveu. L'oncle s'exécuta et Kay Kobâd lui fit un présent.
Il attacha le jeune homme à sa personne et l'aida à surmonter
sa mauvaise fortune. Puis il fit adresser au peuple cette procla-
mation : Buvez du vin autant qu'il faut pour vous mettre à
même de chasser le lion; mais gardez-vous d'en boire jusqu'à
tomber dans un état où les corbeaux vous arrachent les yeux !


Le peuple reprit alors l'habitude de boire du vin, tout en évi-
tant d'aller jusqu'à l'ivresse complète.

Et voici les mythes concernant un personnage Indo-européen, (Yima, Jimshed, Jamshid, Jim, etc.) qui est lié avec le Nouvel an iranien, "Now-rouz", équinoxe de printemps, toujours tirés de Mythes et Epopées II :

Yasna 9,5 (Christensen) dit :

"Sous le règne du brave Yima, il n'y avait ni froidure ni
chaleur, il n'y avait ni vieillesse ni mort ni envie créée par
les démons. Avec l'apparence de jeunes hommes de quinze
ans, le père et le fils marchaient tous deux ensemble tant que
régna l'homme aux bons troupeaux, Yima, fils de Vivalihat."

Les récits  parsie traduite par Christensen dit que, après
la porte de l'enfer, Jimshed fit de ce jour un jour de fête,
le Jour de l' An, nawrôz  :


Il n'y avait ni mort ni vieillesse, ni douleur ni mal... Per-
sonne ne distinguait le père du fils, car tous deux étaient éga-
lement jeunes.
Dans Tabari, on lit que, au jour du nawrôz:, Jim annonça
aux hommes que la récompense que Dieu lui avait accordée
sa conduite exemplaire, était celle-ci  :

« qu'il les rendit exempts de la chaleur et du froid, des mala-
dies et de la vieillesse et de l'envie. Pendant trois cents années
après les trois cent seize qui s'étaient déjà écoulées de son
re~ne, les hommes restèrent dans cet état [...]. Vraiment,
Dieu tenait tout cela éloigné d'eux. Après cette période,
Jim commença à dédaigner la grâce de Dieu envers lui, il
rassembla les esprits et les hommes et leur dit qu'il était leur
souverain et leur roi et que c'était lui qui, par sa force, avait
tenu éloignées d'eux les maladies, la vieillesse et la mort."

Parfois, mais rarement, c'est sur le roi lui-même qu'est,
concentré le bénéfice de ces immunités; ainsi dans Bel'ami :

Il posséda l'empire pendant mille ans et, pendant ces mille
ans, il ne fut pas un instant incommodé ni malade.

(pages 295-6)

Et aussi les pages 311-2 :

Ainsi dans Tabari : après que Jamshid
eut donné aux hommes toutes sortes d'enseignements de civi-
lisation ,


selon ses commandements, il fut construit pour lui une voiture
de verre, et les diables y entrèrent, et il la monta et se rendit
à travers les airs dans cette voiture en un seul jour de Dema-
vend, pays où il résidait, jusqu'à Babylone. C'était le jour
d'Ohrmazd du mois Fravardin, et à cause de ce miracle dont
les hommes étaient témoins, à savoir le voyage par l'air qu'il
entreprit de cette façon, ils firent de ce jour-là le Jour de l' An
{nawrôz), et il leur enjoignit de célébrer ce jour-là et les cinq
jours suivants comme une fête et de se réjouir et de s'amuser
pendant ce temps. Et le sixième jour, qui était le jour de
Xurdât, il écrivit aux hommes qu'il avait mené parmi eux
une conduite qui plaisait à Dieu et que la récompense qui lui
était accordée par Dieu était celle-ci : qu'il les rendît exempts
de la chaleur et du froid, des maladies, de la vieillesse et de
l'envie...

Ainsi encore dans al Tha'alibi, après l'énumération des
oeuvres méritoires et civilisatrices de Jamshid  :


Jim fit construire un char d'ivoire et de bois de teck et le
fit couvrir de brocart; après y être monté, il ordonna aux
démons de le porter sur leurs épaules dans la région qui est
entre le ciel et la terre. Il voyagea ainsi dans l'air, de Dema-
vend à Babylone, en un seul jour. Ce fut le jour d'Ohrmazd
du mois Fravardin, le premier jour du printemps, qui est le
commencement de l'année, le temps du renouveau, où la
terre ressuscite après son engourdissement. Les hommes dirent :
"C'est un jour nouveau, une heureuse fête, une puissance
réelle, un roi extraordinaire! " Et ils firent de ce jour, qu'ils
appelèrent nawrôz, leur fête principale, louèrent Dieu d'avoir
fait parvenir leur roi à un tel degré de grandeur et de puissance
et lui rendirent grâce de tout ce qu'il leur avait accordé, par

la bonne fortune de ce roi et sous l'ombre de son gouvernement,
en fait d'aisance, de bien-être, de sécurité et de richesses.
Ils célébrèrent la fête fortunée en mangeant et en buvant,
en faisant résonner les instruments de musique et en se livrant
entièrement aux divertissements et aux plaisirs.


Et dans la Chronologie de Biruni  :


Quand Jamshid eut pris possession du pouvoir royal, il
renouvela la religion et cette oeuvre, qui fut accomplie au
nawrôz, fut appelée « le nouveau jour"; et ce jour fut Institué
jour de fête, bien que déjà avant cette époque il eût été célé-
bré. Et l'on raconte aussi, quant à la raison pour laquelle ce
jour est devenu jour de fête, que Jamshid, après avoir fait cons-
truire une voiture, y monta ce jour-là et que les esprits et les
démons le portèrent dans les airs de Demavend à Babylone
en un jour. Aussi les gens firent-ils de ce jour un jour de fête,
à cause du miracle qu'ils y avaient vu, et ils introduisirent
la coutume de jouer à la bascule pour imiter Jamshid.


Enfin dans Firdousi :


Ensuite il fit construire un trône incrusté de pierreries,
et à son ordre les dîv le soulevèrent et le portèrent de la terre
vers la voûte du ciel. Le puissant roi y était assis comme le
soleil brillant au milieu des cieux. Les hommes s'assemblèrent
autour de son trône, étonnés de sa haute fortune; ils versèrent
sur lui des joyaux et donnèrent à ce jour le nom de jour nou-
veau (nawrôz) : c'était le jour de la nouvelle année, le premier
( Hurmaz ) du mois Fravardin. En ce jour le corps se reposait
de son travail, le coeur oubliait ses haines. Les grands, dans
leur joie, préparèrent une fête, ils demandèrent du vin des
coupes et des chanteurs et cette glorieuse fête s'est conservée
de ce temps jusqu'à nous en souvenir du roi.