TEHERAN (AFP) - Un des principaux dirigeants d'un mouvement d'étudiants proche des réformateurs, Ali Afchari, 30 ans, a été arrêté dimanche sur ordre de la justice pour "insulte au Guide" de la République islamique. Quelques heures avant cette arrestation, M. Ezzatollah Sahabi, 75 ans, figure historique de l'opposition progressiste, avait été arrêté pour le même motif.M. Afchari, membre du secrétariat du Bureau de consolidation de l'Unité (BCU), principale organisation estudiantine, a été arrêté pour "insulte au Guide"de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, en raison de propos tenus le 26 novembre dans une université de Téhéran.
Lors de ce rassemblement à l'Université technique Amir-Kabir, M. Afchari avait appelé à un "référendum" sur la "velayat-é-faghi" (prédominance du religieux sur le politique), une proposition considérée "insultante" à l'égard du Guide, successeur de l'imam Ruhollah Khomeini, le fondateur de la République islamique.
"L'interprétation selon laquelle la velayat-é-faghi est au-dessus de la Constitution, doit être soumise à référendum", avait notamment déclaré M. Afchari.
Le dirigeant du mouvement étudiant est également, comme M. Sahabi, poursuivi par la justice, largement dominée par les conservateurs, pour sa participation à une conférence jugée "anti-islamique", qui a eu lieu à Berlin en avril. Il a déjà été emprisonné dans le cadre de cette affaire.
Lors de sa comparution le 19 novembre, il avait estimé que sa mise en cause était "politique" car il avait exprimé lors de la conférence son soutien au président Mohammad Khatami.
M. Afchari est également la cible des milieux conservateurs pour avoir organisé, les 26 et 27 août à Khorammabad (ouest), la réunion annuelle du BCU, en marge de laquelle des incidents très graves ont eu lieu, faisant un mort, un policier, et plusieurs dizaines de blessés.
Des affrontements avaient opposé réformateurs et conservateurs après que deux figures emblématiques des réformateurs, M. Mohsen Kadivar -qui a purgé une peine de plusieurs mois de prison pour avoir mis en cause la "velayat-é-faghi"- et Abdolkarim Sorouch aient été empêchés de prendre la parole devant les étudiants.
Le BCU avait mis en cause les bassidji (miliciens islamiques) et les Pasdaran (Gardiens de la révolution) d'avoir été les instigateurs des violences, et d'avoir même attaqué des cars ramenant des étudiants à Téhéran.
Cette organisation estudiantine a également été aux côtés des étudiants réformateurs lors du soulèvement de juillet 1999, qui s'était étendu à la province, faisant trois morts officiellement.
Ce soulèvement, qui avait ébranlé la République islamique, avait éclaté lorsque la police a investi les dortoirs de la cité universitaire, où des étudiants protestaient contre la fermeture du quotidien réformateur Salam.