A Florence, les No Global répondent à Oriana Fallaci

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.11.02

« Oriana Fallaci est arrivée à Florence ?» « Non, on l'attend, elle a annoncé son arrivée dans le Corriere della sera». En ville comme sur le parvis du Forum social européen qui se tient à Florence depuis le 6 novembre, la journaliste florentine, célèbre pour ses pamphlets anti-Islam, a réussi un fameux «coup de pub» en annonçant sa visite, via le principal quotidien italien. Depuis toute la ville est émoi.. Deux retraités flânent aux abords de la Forteresse, lieu du congrès : «Elle est folle, elle va mettre le feu aux poudres». «Fermez les magasins. Fermez les restaurants, les bars, les marchés, les théâtres (..) fermez tout », exhortait-elle dans sa lettre du 5 novembre, « et mettez la pancarte que les courageux ont mise en 1922 , c'est-à-dire quand les fascistes de Mussolini ont marché sur Rome: «fermé pour deuil» (_) » « Ces manifestants «des voyous, de faux révolutionnaires, des fils à papa, de fausses colombes» ne protestent que contre les Etats-Unis et jamais contre Sadam Hussein ou Oussama Ben Laden. »

Dans sa missive, la journaliste âgée de 72 ans s'en prend à tous les plus hauts responsables de la politique italienne. Le dramaturge Dario Fo, une des vedettes de l'inauguration du Forum, s'est cru obligé dans sa réplique à « la Fallaci», en forme d'énorme éclat de rire, de prendre la défense de Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement qui est habituellement sa bête noire.

Mais pourquoi tant de hargne? La réponse est dans les allées du Forum, envahies par une fouletrès nombreuse, aux aspirations multiples, qui dans une ferveur digne d'un amphi de mai 68 affiche, en coeur, un principe : « Une personne , une voix ». Un slogan simple et fédérateur : «Stop the war, Peace in Irak». De quoi faire prendre son stylo-fusil à Oriana Fallaci. Et à la veille de la manifestation contre la guerre qui attend 200 000 personnes samedi en périphérie du centre, un militant pacifiste britannique Chris Nineham résume la nouvelle stratégie du Forum conscient désormais de sa force de rassemblement : «Pour arrêter la guerre, il nous faut une unité d'action, une coalition entre les syndicats, les anticapitalistes, les ONG, la gauche, les mouvements pour la paix et la communauté musulmane».

DANIELLE ROUARD