Dernière mise à jour : 19 janvier 2001

préambule (17/7/2002) :

En écrivant cette analyse, il y a presque 2 ans, en plus de vouloir informer les francophones, je m'étais lancé un défi : fournir  une analyse qui "tiendrait la route" pour certain temps. Quand on songe qu'il s'agit d'une société en turbulence quasi-quotidienne (Khatami comptait une crise tout les 9 jours, pendant les 4 années de sa première présidence, provoquée essentiellement par les "conservateurs au pouvoir"), on comprendra mieux qu'il s'agissait pas d'un simple défi. En effet, j'ose prétendre qu'il est plus aisé de prévoir l'état de la France dans 20 ans, que la nature de l'État iranien d'ici 2 ans ! Rien de sorcier à cela, imaginez seulement la France de 1793 !!
 
Et aujourd'hui, sans avoir relu cette article (pas de temps), et sans narcissisme (au moins je l'espère !), j'ai des raisons de penser ne pas avoir trop mal réussi. Je ne donne qu'un exemple ici : j'avais complètement négligé toutes les organisations d'opposition basées à l'étranger, et bien, aujourd'hui, j'adopterai exactement la même attitude. Le changement vient de l'intérieur, aussi bien au niveau personnel qu'au niveau de la société.
 
La révolution de 1979 n'était qu'un changement de façade par rapport à ce qui s'y passe depuis 1997, où on est en train de revoir les fondations (les mentalités, les racines de l'ignorance, etc.). Ou si vous voulez, puisque nous sommes en France !, Le renversement du Shah en 79 n'était que l' hors-d'œuvre, le plat de résistance se prépare actuellement !
 
De même qu'une telle analyse ne doit pas être très utile pour les iraniens (il y a peu de "chance" que celui ou celle qui ne la partage pas, soit prêt-e de l'entendre ! ), il est un peu fastidieux d'entrer dans les détails des événements ici. Depuis 2 ans, nous avons écrit sur les tendances de fond que nous avons décelé pour les iraniens résidants en Iran, donc en persan. La tendance à la discréditisation du Clergé semble irréversible. Le fait qu'un chercheur musulman, professeur de l'université, ayant perdu une jambe dans la guerre contre l'Irak, risque sa tête aujourd'hui à cause de son attaque contre cette institution est plus que révélateur (voir Iran in deepest political crisis since revolution, de l'AFP) ! Et des exemples de ce genre ne manquent pas.
 
Bonne lecture !

 

Quel avenir pour l'Iran ?. 1

Portée internationale du processus. 1

Nature contradictoire institutionnalisée. 2

Aperçu historique. 3

Différentes tendances. 3

Tendance conservatrice. 3

Tendance réformatrice. 4

Position plus que délicate de M. Khatami 6

Crise économique, l'injustice de "la justice". 7

Quel régime pour l’avenir ?. 8

 

Quel avenir pour l'Iran ?

 

L'élection de M. Khatami en 1997, a mis en évidence le rejet du système dominant par une forte majorité des iraniens[1]. Depuis cette date, la faille entre la population et la structure théocratique de l'État n'a cessé de se propager tout en s'approfondissant, mettant en évidence la nature contradictoire du régime.

 

A l'instar de M. Khatami lui-même, beaucoup d'observateurs s'accordent à dire que,  très probablement, le mouvement des réformateurs est la dernière chance d'une transformation pacifique, dans le cadre des lois actuelles de la République islamique. Quelles sont les potentiels démocratiques dans le cadre des institutions actuelles, et quelles sont les marges de manœuvre des réformateurs, eux-mêmes religieux ? Jusqu'à quel point peuvent-ils s'en tenir à leur démarches pacifiques ? Des questions difficiles à répondre.

 

Sans avoir la prétention de pouvoir répondre à toutes ces questions, en particulier à cause de la situation très changeante, le but de cet article est de fournir une vision d'ensemble pour faciliter l'analyse des événements futurs. En même temps, les questions qui, d'après nous, nécessitent davantage d'éclaircissement et d'études critiques et objectives  seront  mentionnées avec des points d'interrogations.

 

Portée internationale du processus

 

Au seuil de 21ème siècle, rares sont les pays en développement qui ont su allier un régime démocratique avec les progrès socio-économiques. De même, avec la disparition du bloc des pays socialistes, rares sont les pays qui s'échappent à la domination des pays occidentaux, eux-mêmes sous l'égide des États Unis d'Amérique.

 

Sur bien des points, la révolution iranienne a déçu ses admirateurs, mais l'indépendance politique, chèrement acquise après un siècle de luttes acharnées, a permis le foisonnement des idées et la recherche d'une voie démocratique authentique.

 

L'évolution de la situation en Iran est suivi avec beaucoup d'intérêt par les intellectuels du monde, et en particulier ceux des pays islamiques. Mais la complexité de la situation, par certains aspects fort paradoxale, et l'absence de repères (l'inadéquation du "modèle démocratique" occidentale) rendent la tâche très difficile.

 

Pour l'essentiel, la lutte actuelle des réformateurs en Iran porte sur une véritable "modernisation"  de l'islam. Il s'agit, ni plus ni moins, d'une "remise à jour" des préceptes de cette religion.

 

Tandis que "l'exportation de la Révolution" proclamée après la chute de la monarchie, n'a pas eu lieu, les répercussions internationales, en particulier dans les pays en développement, de l'instauration d'un régime authentiquement démocratique en Iran sont à peine prévisibles aujourd'hui. On peut aisément comprendre que ce perspective  n'enchante pas les dictateurs et leurs soutiens ; raison de plus pour se donner la peine de comprendre la profondeur du mouvement et ses inspirations pour les progressistes. Ce qui devra leur éviter de tomber dans le piège des simplifications non-justifiées.

 

Nature contradictoire institutionnalisée

 

Il devient de plus en plus difficile de ne pas admettre que l'État Iranien, à l'image de sa Constitution, est par nature contradictoire, amalgame de la démocratie et de la théocratie. Sous-estimer le poids de chacune de ces deux composantes enlève la possibilité même d'une interprétation correcte de ce qui s'y passe tous les jours.

 

Bien que la composante démocratique soit nettement plus prononcée que dans la plupart des pays de la région, en particulier dans l'immense majorité des pays islamiques, il y a très peu d'observateurs sérieux qui oserait déclarer le régime actuel comme étant démocratique. Les contradictions flagrantes de la loi Constitutionnelle de la République islamique avec la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme devront convaincre les démocrates du long chemin qui reste à parcourir pour ce pays.

 

Par contre, ceux qui le juge "complètement dictatorial" sont très nombreux, surtout à l'étranger. En laissant de côté les fanatiques de tous bords, comme les Moudjahidine du peuple, l'extrême gauche ou les monarchistes, la majorité de ceux qui se rangent dans ce camp sont souvent des apolitiques, par exemple des intellectuels laïcs qui "n'apprécient pas ce régime" pour des raisons essentiellement "personnelles". Ces derniers n'ont pas tous des inspirations démocratiques. Et même, en auraient-ils, qu’ils ne se donnent pas la peine d'étudier les possibilités réelles d'une évolution démocratique en Iran. Il est vrai que le comportement du régime a fourni dans le passé des arguments de poids aux partisans de ce jugement. Il suffit d’énumérer les exécutions sommaires de plusieurs centaines, voire milliers de prisonniers politiques en 1988, selon toute vraisemblance, suite à l'ordre de l'ayatollah  Khomeyni en personne[2]. Combien  d’assassinats politiques d’opposants furent perpétrés par les services de renseignements du régime, en Iran et à l'étranger ?

 

 

nuri

Abdollah Nouri, ministre de l'intérieur sous Rafsanjani et Khatami,

Et prisonnier politique actuel !

On dit qu'il a refusé d'"acheter" sa liberté en écrivant une lettre de "repentance" au Guide.

 

Un simple fait suffit à illustrer l'aspect contradictoire du régime actuel ; En 1999, l'hodjatoleslam  Abdollah Nouri, en tant que le responsable du quotidien réformateur "Khordâd", a été condamné à 5 ans de prison. En fait, il est le symbole de l'évolution "spectaculaire" d'une tranche non-négligeable des intellectuels religieux qui sont devenus de plus en plus critique vis-à-vis de l'appareil théocratique de l'État. Bien qu’emprisonné, son livre, regroupant ses défenses devant les juges du tribunal de clergé, est toujours en vente libre en Iran ! En effet, avec plus de 20 rééditions à ce jour, il se maintient  en tête des ventes des livres, toutes catégories confondues. Mais, dans la prison d'Evine, il ne souffre pas de solitude ! La liste des membres du clergé progressiste,  des journalistes et éditeurs courageux, emprisonnés avec lui, s'allonge à un rythme régulier. A tel point que certains humoristes ont proposé que la prison d'Evine publie aussi un journal.

 

Après un aperçu historique, pour poser les bases, nous allons procéder à une analyse succincte des différentes forces, et leurs interactions, pour envisager quelques scénarios concernant l'évolution du régime.

 

Aperçu historique

 

Pour commencer, rappelons que le principal responsable de l'arrivée de Khomeyni au pouvoir est le régime dictatorial du Shah.

 

A la suite du coup d'Etat fomenté par la CIA en 1953[3], peu à peu, il a transformé la monarchie constitutionnelle en l'absolutisme royal,  un système qui ne tolérait aucune contestation surtout laïque ou démocratique. Le clergé était la seule exception à cette règle[4]. Il  était donc la seule entité qui disposait d'une autonomie, même relative. Ceci  explique le fait que Khomeyni, l'instigateur d’une révolte sanglante faisant plusieurs centaines de mort dans les quartiers populaires de Téhéran en 1963, (d'inspiration réactionnaire ou progressiste[5] ?) ait été épargné. Tandis que toute autre contestation, même pacifique, était réprimée sans ménagement.

 

Il est donc justifié d'affirmer qu'en barrant la route à  toutes les autres possibilités d'évolution, le Shah avait implicitement tracé la voie de son renversement.

 

Dans ce contexte, la révolution iranienne, la plus populaire du 20ème siècle[6], était aussi unanime et déterminée pour rejeter un système corrompu, qu'elle était sans projet pour son remplaçant. L’ayatollah  Khomeyni a su tirer profit de ce vide presque total pour imposer la République islamique.

 

Sans entrer dans le détail de l'évolution du régime islamique pendant les 20 premières années de son existence, nous nous limiterons ici à mentionner que les différents facteurs comme, les 8 années de la  guerre déclenchée par l'Irak, le manque général de la maturité politique (conséquence directe des années de la dictature), l'opportunisme et les erreurs des autres forces politiques ont grandement facilité la consolidation graduelle d'un  pouvoir rétrograde et intégriste. Cette évolution s'est concrétisée dans la révision de la Constitution, officialisée peu après la mort de Khomeyni en 1989. En particulier, cette nouvelle Constitution a renforcé l'aspect théocratique du régime, en étendant les prérogatives  du  velayat e faqih, l'"omnipotence du Guide religieux " .

 

L'élection de M. Khatami le "2 Khordâd" (23 mai) 1997, a sorti la classe politique de sa "torpeur". Nous allons brosser ici le tableau actuel, correspondant à la situation des forces présentes sur l'échiquier politique, depuis cette élection.

Différentes tendances

 

Schématiquement parlant, et sans négliger les recouvrements, on peut distinguer ces 3 tendances populaires chez les iraniens (en Iran) :

 

   1.     conservatrice (~15%)  : Les partisans de l'orthodoxie musulmane, la lecture "traditionnelle" de la religion, plutôt intégristes.

 

   2.    réformateur religieux (~40%) : ceux qui essayent de réformer le régime de l'intérieur, dans le cadre de la  Constitution en vigueur, en soulignant ses potentielles démocratiques, pas encore exploitées.

 

   3.    laïque (~40%) : ceux qui rejettent le régime Islamique en bloc. Cette tendance est essentiellement apolitique, sinon interdite des moyens d'expression en Iran.

 

Les chiffres entre les parenthèses sont les résultats des sondages non-publiés. Le chiffre concernant la première tendance est confirmé par les dernières élections municipales et législatives. Mais sachant que, dans sa lutte contre la tendance conservatrice, le mouvement réformateur bénéficie du soutien plus ou moins actif de la 3ème tendance, les deux derniers chiffres sont variables d'une région à l'autre et sujets à caution.

 

Tendance conservatrice

 

Au fil des ans, et jusqu'à 1997, cette tendance a réussi à asseoir son pouvoir sur pratiquement tous les organes de l'État. La victoire de M. Khatami aux élections présidentielles en 1997 était complètement inattendue pour le pouvoir en place, devenu relativement homogène. Constatant leurs difficultés grandissantes,  il y a tout lieu de "parier" qu'une bonne partie des obscurantistes s'en mordent les doigts pour avoir "qualifié"[7] la candidature de Khatami pour ces élections.

 

Depuis leur défaite aux élections législatives en février 2000, le seul organe élu qui reste sous le contrôle des intégristes est l'Assemblée des experts. Ceci a été rendu possible seulement après avoir écarté la candidature des réformateurs. Constituée entièrement par les membres du clergé, de part ses prérogatives constitutionnelles, cette Assemblée est le seul organe qui peut désigner et destituer le Guide suprême. Il y a donc une interdépendance entre le Guide et cette Assemblée. D'un côté, grâce aux menaces de sa destitution, elle pousse le Guide à prendre plus ouvertement parti contre les réformateurs. De l'autre côté, ses tenants savent qu'ils ne peuvent destituer le Guide sans endommager sérieusement le fondement de l'édifice mis en place depuis la Révolution.

 

D'autre part, conscients de la popularité des réformateurs, en particulier M. Khatami, les conservateurs dans leur ensemble, craignent les conséquences d'une attaque frontale contre celui-ci. En effet, il est tout à fait envisageable qu'une telle initiative leur soit fatale (grève générale ou désobéissance civile ?). Néanmoins l'aile la plus rétrograde, et la plus corrompue, a plusieurs fois demandé la destitution de M. Khatami en le comparant à M. Bani Sadr[8]. Le dernier à avoir rejoint cette "comparaison" est  M. Rafsanjani, l'ex-président, après sa défaite cuisante aux élections législatives du février 2000.[9]

 

L'aile fasciste est bel et bien présente dans les rangs de cet aile. Elle bénéficie d'une idéologie "cohérente" (intégrisme et fanatisme religieux, fortement dogmatique et intolérant) exprimée haut et fort par son "idéologue en chef", l'ayatollah Mesbâh Yazdi[10]. En plus des bases solide au sein e l'État, elle dispose des moyens financiers considérables, notamment grâce aux rentes étatiques et le soutien des grands commerçants du bazar, enrichis pendant les années de la guerre avec l'Irak. En fait, une partie du soutien "populaire" de cette tendance est chez les "rentiers" du système, les familles des martyrs de la guerre, les miliciens islamiques etc. Par ailleurs, les élèves de l'École religieux "Haghâni", l'école de M. Mesbâh Yazdi située dans la ville "sainte"de Qom, sont très présents dans les hauts rangs de l'appareil judiciaire.

 

Toutes ces forces poussent le Guide à prendre position contre les réformateurs. Depuis quelques semaines, ils ont obtenu quelques résultats. Leur dernière trouvaille, à laquelle ils ont su rallié le Guide, consiste à vouloir définir le contenu des réformes des réformateurs !

 

Malgré une idée répandue à l'Occident[11], le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, ne se trouve donc pas à la tête de la tendance conservatrice. Il n'a ni le charisme, ni le rang (religieux) de son prédécesseur. Certes, de part sa fonction, il est le garant de l'aspect théocratique du régime, mais il est indéniablement sous la pression des plus durs que lui[12]. Certaines rumeurs font même état d'un comité restreint avec les pouvoirs décisionnels, dont le Guide ne serait qu'un simple membre, et un porte-parole. En demandant qu'une motion sur la révision de la loi sur la presse soit "retirée de l'ordre du jour" du nouveau parlement, le Guide vient de rendre les choses un peu plus claires pour la population. La faille, entre le fondement de l'État islamique, l'autorité suprême du Guide, et les revendications populaires, a donc atteint sa profondeur maximale.  Cela met  encore plus en évidence, si besoin en était,  les limites démocratiques du régime. Mais ne facilite pas la tâche des  réformateurs, qui cherchent à engager le régime dans une évolution pacifique vers plus de démocratie.

 

Tendance réformatrice

 

femmes_khatami

 

Le rôle grandissant des femmes et des jeunes dans les luttes politiques.

Rassemblement des étudiants pour la "journée d'étudiant" (16 âzar, 6 décembre 2000) A Téhéran.

Ne cherchez pas les photos du "Guide suprême" ! Il est de plus en plus haï !

 

Pour le moment, le chef de file incontesté de cette tendance est le président Khatami. Mais les forces qui le soutiennent, bien que regroupées dans le front de 2 Khordâd[13], sont assez disparates et peu organisées. Parmi elles, les plus radicales trouvent que les réformes ne progressent pas suffisamment  vite. Ils craignent un désenchantement populaire. De l'autre côté, certaines forces, par exemple le nouveau président du parlement,  ont une vision pour le moins étriquée des réformes et de la démocratie, obéissant aux "ordres" du Guide.

 

Les étudiants progressistes, relativement bien organisés sur le plan national au sein du Bureau de consolidation de l'Unité, BCU (Daftar-e Tahkim-e Vahdat), et les intellectuels musulmans, notamment journalistes honnêtes, compensent, tant bien que mal, l'absence de partis politiques enracinés au sein des réformateurs.

 

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Journalistes honnêtes et étudiants : deux piliers du mouvement des réformateurs

A la pointe des contestations contre l'aile réactionnaire du régime,

en particulier le pouvoir judiciaire, les étudiants sont les plus fervents défenseurs des journalistes courageux,

emprisonnés à cause de leurs révélations.

Sur cette photo, prise en novembre 2000 à Téhéran, un étudiant brandit la photo de M. Akbar Ganji,

 journaliste emprisonné depuis avril 2000. Sur le papier qu'il porte il est écrit : "La pensée n'est pas emprisonnable".

 

 

Historiquement, les étudiants, en particulier les futurs ingénieurs et médecins, ont toujours été politisées en Iran[14]. Plus que les religieux, ils ont joué le rôle moteur pour le renversement de la monarchie. Aujourd'hui le Bureau de consolidation de l'Unité (BCU) constitue indéniablement la principale force organisée dans les universités. Il fait objet des attaques virulentes des hauts dignitaires conservateurs du régime qui voudrait bien le déclarer hors la loi[15]. La répression sans merci des contestations de juillet 1999, et le passage à tabac des participants à son "Congrès annuel" en été 2000 n'ont pas encore été "suffisants" pour atteindre cet objectif.

 

Constatant les limites démocratiques inhérentes au cadre actuel, les plus perspicaces parmi les réformateurs, envisagent de plus en plus ouvertement la séparation de l'Église et de l'État. Pour le moins, ils admettent qu'ils vont accepter le choix populaire, quel qu'il soit, sur la nature du régime. Une bonne partie des réformateurs religieux commencent à s'inquiéter pour l'avenir même de la religion en Iran[16]. Selon les chiffres, rendus public par le responsable des services culturels de la mairie de Téhéran au début de l'été 2000, 75% des gens déclarent ne pas prier ! L'arrivée massive des jeunes dans la société ne va sûrement pas arranger les affaires de l'État islamique, et Khatami en est conscient. Mais de toute évidence, il a du mal à le faire accepter par le Guide.

 

 

kadivar

 

Brillant étudiant qui a renoncé à devenir ingénieur électronicien pour étudier l'Islam,

notamment chez l'Ayatollah Montazeri, premier successeur désigné de Khomeyni

Voir son site : http://kadivar.com/Default.HTM

 

 

M. Kadivar, un hodjatoleslam progressiste, vient de sortir de  prison après y avoir passé 18 mois. Son délit : avoir osé comparer le système monarchique et les caractéristiques non-démocratiques du régime actuel. Un autre intellectuel religieux, professeur de l'université, M. Aghajari, qui a perdu une jambe pendant la guerre, vient de déclarer dans un discours que l'énoncé de Marx selon lequel "la religion est l'opium du peuple" est incomplet. Selon lui, "la religion, mise au service du pouvoir et de l'argent, n'est pas seulement l'opium du peuple, mais aussi l'opium des hommes au pouvoir" ! Restera-t-il longtemps en liberté ?

 

Si les sympathisants directs de Khatami, regroupés au sein du Front de Participation (Moshârekat) sont tolérés[17], un autre courant, plus proche des idées de l'ex premier ministre M. Mossadegh n'est pas encore officiellement "légalisés". Les chefs de fil de ce courant, connu sous le vocable "national-religieux" (Melli-Mazhabi) en Iran, en particulier M. Sahâbi, sont de plus en plus populaires, surtout auprès des étudiants[18].

 

Position plus que délicate de M. Khatami

 

M. Khatami doit être regardé plutôt comme un philosophe que comme un politicien. Il semble être convaincu de la justesse (et de l'unicité) de sa voie pour rendre le régime plus démocratique. Souriant et honnête, il est nettement plus populaire que le Guide. Jusqu'à ce jour, il n'a pas trahi les espérances populaires. Les Iraniens comprennent bien les limites de sa marge de manœuvre[19]. Il est plus populaire qu'au moment de son élection, mais son avenir proche est incertain. Les théocrates espéraient qu'il ne se représenterait plus aux élections de l'année prochaine. En lui montrant le sort pitoyable de M. Rafsanjani, ils lui suggéraient d'opter pour le choix "héroïque" de M. Mandela ! Vue sa popularité, le problème de ses opposants sera de lui trouver un adversaire de taille.

 

Après s'être déclaré candidat pour un 2ème mandat, il s'est rétracté depuis en disant qu'il était encore trop tôt pour en parler. Mais il serait étonnant que la tendance dure des conservateurs le supporte au pouvoir pour encore 4 ans. N'étant pas à une mesure  ridicule près, peut-être même qu'elle va essayer de le "disqualifier"  pour la prochaine élection présidentielle en 2001 ?!

 

Pratiquement, et depuis le début de son mandat, M. Khatami marche sur le fil du rasoir. En créant des vagues ininterrompues de "crises", les unes plus "artificielles" qu les autres, tous les organes désignés par le Guide, notamment le pouvoir judiciaire, la Radio-télévision et l'immense majorité des imams de prières des vendredis, ne lui laissent guère un instant de répit[20]. Jusqu'à ce jour, dans la mesure de ses pouvoirs constitutionnels (très limités), il a défendu la liberté d'expression en donnant quelques "avertissements" concernant les violations de la Constitution. Il faut savoir que précisément dans le cadre de cette loi, il ne peut guère faire plus ! En novembre 2000, il a enfin officiellement avoué son impuissance de faire appliquer la Constitution. Il s'est même plaint de ne pas pouvoir empêcher que ces violations se perpétuent ! Ce qui lui a valu des nouvelles attaques de la part des conservateurs. Son grand projet consiste à donner une image progressiste de l'Islam dans un régime démocratique et religieux. Il répète à qui veut l'entendre que "l'histoire nous apprend que chaque fois que la religion a voulu barrer la route aux libertés, elle a été vaincue."[21] Ce à quoi les théocrates conservateurs pourraient très bien rétorquer par : "et chaque fois que les libertés démocratiques ont été réellement consolidées dans une société, le régime théocratique a dû fermer bagages !"

 

La divergence fondamentale entre l'idéologie des réformateurs religieux et les conservateurs est sur "la lecture de l'Islam"[22]. Elle est donc de nature philosophique et n'épargne pratiquement aucun domaine de la vie sociale. Les réformateurs ne cachent pas leur souhait de "moderniser", rendre plus actuel, les préceptes de l'Islam. Dans l'histoire de l'Iran, les racines de cette divergence remontent, pour le moins, à la Révolution constitutionnelle du début de 20ème siècle. Il est donc à souligner que, malgré son rôle déterminant, Khatami n'est qu'un simple représentant de ce courant. La radicalisation du mouvement sera la conséquence la plus vrai semblant de son éviction.

 

Crise économique, l'injustice de "la justice"

 

 

sahabi

Bien qu'à peine toléré, les mouvances " national-religieux" sont de plus en plus populaires chez les étudiants

Ici, M. Sahâbi dans une université de Téhéran le 26 novembre 2000,

A la tribune d'une réunion de protestation contre les agissement arbitraires de la "justice"[23].

 

L'indépendance politique obtenue grâce à la Révolution, et les progrès indéniables dans quelques domaines importants, (notamment la baisse spectaculaire de l'analphabétisme, fourniture de l'électricité et de l'eau courante aux villageois) a transformé en profondeur le paysage politique du pays.

 

Pour mesurer le chemin parcouru depuis la Révolution, rien de telle que de souligner le contraste de personnalité et de maturité entre le président Khatami et le premier président élu de l'Iran, M. Bani Sadr.

 

Paradoxalement, ces progrès creusent la tombe des intégristes, et plus lentement mais sûrement sapent les racines du pouvoir théocratique. Même dans les villages, le transfert de l'autorité morale des intellectuels "traditionnels" (les mollahs du clergé) vers les intellectuels "modernes" (étudiants) est saisissant. L'arrivée sur le marché du travail des jeunes, nés dans les premières années après la révolution, quand les moyens contraceptifs étaient interdits, va aggraver la crise économique déjà bien présente.

 

Les secousses politiques, quasi permanentes, ont poussé les débats sur l'orientation économique au second plan. Mais la crise économique s'aggrave et les actions, pour l'instant purement revendicatives, des salariés, contre les licenciements ou pour le paiement des arriérés de salaires, se multiplient.

 

Aujourd’hui, les intégristes abusent sans vergogne de leur mainmise sur l'appareil judiciaire. Mais on ne peut pas négliger les effets bénéfiques de leurs action à moyen terme ! En traduisant les progressistes devant les tribunaux, ils les transforment en héros nationaux ! De même en jetant les journalistes en prison, ils leur permettent de constater l'étendue de l'échec social du régime de l'intérieur. Les emprisonnés d'hier sont les réformateurs les plus conséquents d'aujourd'hui, et les représentants d'un mouvement populaire et profond. Les réformateurs à combattre ne sont donc pas seulement quelques dizaines, ni quelques centaines. Pour être "efficace", il faudrait instaurer une "bonne dictature à la Shah", qui interdirait toute forme de contestation. Mais dans  cette hypothèse, la réaction de la rue, ayant déjà une Révolution à son actif, et ayant voté plusieurs fois contre les rétrogrades, serait imprévisible.

 

Pour démontrer l'étendue de l'hypocrisie des "juges" islamiques, et donner la mesure de notre impuissance pour formuler des prévisions, voici un fait récent : le 8 août 2000, à l'occasion de la journée du journalisme en Iran, le pouvoir judiciaire a assuré les journalistes de son "soutien ferme". Tellement ferme que, le jour même, il a envoyé 10 policiers au domicile d'un journaliste pour le conduire  ….  en prison ! (Sa convocation au tribunal est arrivé le lendemain de son arrestation !) Comme cela n'a pas été jugé suffisant, le lendemain, ils ont suspendu la publication du dernier journal proche des positions du président, Bahar (printemps). Il est à souligner que la vague des suspensions des journaux, déclenchée depuis quelques mois, s'appuie sur une loi datant de 1960, c'est à dire l'époque de Shah !!

 

Quel régime pour l’avenir ?

 

 

mossadegh_daneshjou

 

Malgré les insultes de Khomeyni contre Mossadegh, il est de plus en plus présent !

Notez les lunettes de l'étudiant qui porte sa photo ! (photo prise à Téhéran le 6 décembre 2000)

Pendant les révoltes de juillet 1999, l'étudiant qui  brandissait une chemise sanglante,

Photo publiée à la une de "Economist", a été condamné à 10 ans de prison !

 

Dans l'état actuel, la nature profondément contradictoire de l'État ne satisfait presque personne, ni en Iran, ni à l'étranger. Elle est la principale source génératrice des problèmes, aussi bien pour les démocrates que pour les théocrates.

 

La situation actuelle est donc instable. Une bonne partie du pouvoir judiciaire est aux mains des intégristes extrémistes. Ce qui rend la situation encore plus dangereux.  L'état actuel des choses ne peut qu'être "transitoire". L'avenir même de l'État islamique en Iran est de plus en plus incertain. Les conservateurs "raisonnables" ayant du mal à se faire entendre, on ne voit pas comment les réactionnaires appartenant aux cercles mafieux des pouvoirs politico-économiques pourraient abandonner les positions acquises sans résistance. Les pires hypothèses, par exemple un coup d'État "institutionnel", c'est à dire la destitution du président par un décret du Guide, ne sont pas à exclure. Conscients de leur faible influence dans les couches basses des forces armées, ils ne sont pas en mesure de prévoir les conséquences d'un tel acte.

 

Pour l'instant, l'issue de cette impasse n'est pas en vue. D'autant plus que le comportement des intégristes de l'État est imprévisible.

 

On ne peut qu'espérer que M. Khatami réussisse à garder l'aspect pacifique de l'évolution de la situation,  permettant aux iraniens de juger leurs dirigeants sur pièce. Le temps est le meilleur facteur de clarification aujourd'hui. Il joue indéniablement en faveur du camp de progrès. La chute spectaculaire de la popularité de ceux qui se séparent de la voie des réformes démontre la vitesse de l'évolution de la situation. Après M. Rafsanjani, il semble bien que le prochain sur cette liste soit M. Karroubi, chef de nouveau parlement, qui a défendu l'intervention, on ne peut plus directe et anti-démocratique, du Guide contre la levée des interdictions touchant la presse. En fait,  il a défendu la lecture non démocratique de la Constitution. En outre, Karroubi a averti les réformateurs que cette intervention ne serait pas la dernière. Les manifestations organisées pour soutenir l'intervention du Guide n'ont  rassemblés que quelques milliers de personnes "habituels", en général les rentiers du régime.

 

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M. Afshari, dirigeant de BCU,

Ici à son tribunal, pour avoir participé au conférence de Berlin en avril 2000

arrêté, en même temps que M. Sahabi,  pour avoir évoqué le référendum à la tribune de l'Université

 

Suite aux attaques successives des intégristes, et leur succès pour engager davantage le Guide à leur côté, l'aile plus radicale des réformateurs parle de "l'impasse politique".  L'idée d'organiser un référendum, pour redéfinir les pouvoirs des organes élus face aux institutions sous le contrôle du Guide, fait son chemin. Elle est peut-être la meilleure solution pour sortir de la crise institutionnelle[24]. Mais, conscients de leur influence réel au sein de la population, il n'est pas étonnant que cette solution est combattu violemment par les religieux intégristes. C'est la raison pour laquelle les réformateurs plus proche de Khatami parlent plutôt de "l'embouteillage politique". De l'autre côté, l'aile la plus réactionnaire des intégristes n'a jamais caché son hostilité vis-à-vis de la "République". Ils encouragent l'avènement d'un "État islamique", plus traditionnel et surtout bien plus autoritaire. Dans le cas d'une dérive autoritaire du pouvoir, le danger d'un coup d'État, avec ou sans l’aide de l’étranger doit être pris très au sérieux, les intégristes ayant déjà préparé le terrain.

 

En conclusion, bien que relativement imprévisible, il faut s'attendre à des évolutions importantes de la situation politique dans un avenir très proche en Iran. La révolution de 1979 n'était même pas un hors-d'œuvre, le plat de résistance est en train d'être mijoté actuellement. On voit mal comment ce mouvement profond, peut être arrêté. 


[1] Il est à souligner que le Guide suprême n'avait pas caché son préférence pour son rival, Ali Akbar Nategh-Nouri, le président du parlement en poste.

[2] Les mémoires de l'ayatollah Montazeri, vient d'être publiées en Farsi sur l'Internet. Il  y parle de l'ordre de Khomeyni pour la formation des tribunaux formés de 3 juges. Il leur donne le pouvoir d'exécuter  tous les prisonniers des "Moudjahidine du peuple" si la majorité (2 sur 3) juge que le prisonnier est "resté fidèle à sa position ". Tout ceci à la suite de l'attaque "catastrophique" des Moudjahidine du peuple depuis l'Irak. Montazeri parle de 2800 ou 3800 exécutions des Moudjahidine du peuple, membres ou  simples sympathisants (c'est Montazeri qui hésite entre les deux chiffres). Cette ordre de Khomeyni n'est pas rédigée de sa main propre, ce qui lui permet d'émettre quelques doutes sur son authenticité. Mais sachant que Montazeri est resté fidèle à Khomeyni, peut-on imaginer que des milliers de prisonniers, souvent déjà en prison au moment de l'attaque des Moudjahidines, ont été sommairement jugés et exécutés sur la base d'un faux document ?? De toutes les manières,  les réponses, rédigées en réponse aux questions d'un juge sont écrites de la main de son fils Ahmad, faisant fonction de secrétaire particulier de son père (Ahmad est mort depuis dans les circonstances douteuses). Ensuite Montazeri parle de 500 exécutions, essentiellement des communistes et des marxistes dans une deuxième vague. La plupart de ces derniers soutenait Khomeyni !

[3]  Voir http://www.monde-diplomatique.fr/2000/10/GASIOROWSKI/14360.html

[4] En plus des raisons culturelles et historiques, cette privilège s'expliquait par le fait que la haute hiérarchie du clergé avait finalement lâché M. Mossadegh (lui-même soutenu par les communistes) en lui "préférant" le régime du Shah.

[5] Les deux aspects étaient  bel et bien présents chez Khomeyni depuis longtemps. Il est même possible que ses prises de position ont favorisées son mainmise sur le mouvement ! Une étude plus objective et précise sur sa personnalité est nécessaire.

[6] Le nombre des manifestants descendus dans les rues de Téhéran pour accueillir Khomeyni, le 1er février 1979,  est estimé à près de 4 millions.

[7] En Iran, les candidats à toutes le élections doivent recevoir l'aval du Conseil des gardiens (de la Constitution). Ce Conseil, contrôlé par les conservateurs, est devenu le principal outil pour écarter les candidats "indésirables" aux yeux des "conservateurs". Selon certaines informations, dans ce Conseil, en 1997, la candidature à la présidence de la République de M. Khatami a passé de justesse  (5 votes contre 4)

[8] premier président élu de la République islamique, déchu de ses fonctions par l’ayatollah Khomeyni

[9]Une autre partie de ces forces compare Khatami à Gorbatchev pour arriver à la même recommandation : à savoir son limogeage avant qu'il ne soit trop tard. La nostalgie des théocrates pour le régime "athée" soviétique   a quelque chose de touchant ! Il est vrai que, dans une lettre ouverte, l’ayatollah Khomeyni avait appelé M. Gorbatchev à rejoindre l'Islam !

 

[10] Très "silencieux" pendant la règne du Shah, à juste titre, il peut être considéré comme l'idéologue de la tendance fasciste au sein du  clergé et de l'Etat. Entre autres, il dispose régulièrement de la tribune de la prière de vendredi à Téhéran. D'où il affirme qu'une seule "lecture" (la sienne !) de l'Islam est juste.

[11] Voir l'excellent éditorial d'Igancio Ramonet : Réformes en Iran,  http://www.monde-diplomatique.fr/2000/03/RAMONET/13406.html

12] Dans ses mémoires, parmi les raisons de sa destitution, Montazeri mentionne le fait que certains milieux religieux cherchaient plutôt un "Vélâyat-bar-Faghih" (suprématie sur le Guide religieux), et non "Vélâyat-e-Faghih", (suprématie du Guide religieux).

[13] Le jour de l'élection de Khatami dans le calendrier iranien.

[14] Pour une étude historique, malgré quelques erreurs, voir l'article d'Iranmania,  en anglais, à l'occasion de la journée d'étudiant en Iran.

[15] Dans une prière de Vendredi à Téhéran, l'Ayatollah Yazdi, ancien chef du pouvoir judiciaire, a mentionné que cette association ne regroupe que 9% des étudiants. Ce chiffre paraît juste, mais l'influence de BCU va bien au-delà de leur membres, surtout dans la société.

[16] Les "coups" que la religion a reçu sous le régime islamique sont indéniables.

 L'exemple le plus frappant est cette dépêche de "Iranian Students News Agency (ISNA), daté de 2/12/2000 en Farsi. Il parle du refus des étudiants d'une école religieuse, dépendant de la Mausolée d'Imam Réza à Machhad, de porter le froc religieux !!

[17] L'organe de ce front, le journal quotidien "Moshârekat" faisait parti des vingtaine de journaux "provisoirement" interdits par le pouvoir judiciaire en avril 2000.

[18] En vue des élections présidentielles de 2001, et à l'occasion d'un vote organisé dans la faculté de droit et sciences politique le 6 décembre 2000, sur 500 votants M. Khatami a obtenu 199, M. Sahâbi  142, et l'ancien ministre des affaires étrangères M. Vélâyati, le candidat présumé des conservateurs, 46 votes. Sachant que 13 votes ont été déclarés non-valides,  on peut supposer que 100 personnes ont voté blancs, refusant de choisir entre les trois.

[19] Connaissez-vous  un autre président au monde qui ne dispose même pas d'un journal défendant  ses idées ?!

Certains de ses proches collaborateurs sont en prison, ou sous le coup des mandats d'arrêt !!

[20] Grâce aux  certaines fuites, on sait aujourd'hui que quelques milieux conservateurs, ne lui prédisait pas plus de 6 mois de présidence après sa victoire électorale. En fait, l'aile la plus réactionnaire avait juré de le "descendre" avant 6 mois.

[21] Voir le site (en anglais) :http://www.president.ir/

[22] Voir l'article d'Eric Rouleau, peut-être la meilleure analyse de la situation actuelle : En Iran, islam contre islam http://www.monde-diplomatique.fr/1999/06/ROULEAU/12105.html

[23] C'est précisément à cause des propos tenus à ce tribune qu'il a été arrêté le 17 décembre 2000, voir AFP. Les trois semaines écoulées entre son discours public et son arrestation démontre bien que la décision de l'arrêter est extra-juridique. 

[24] Une telle éventualité est prévue dans la Constitution. Pour cela, il faut le vote favorable des 2/3 des députés. En invalidant l'élection des certains réformateurs, et parfois même le remplacement pur et simple de certains réformateurs élus par les conservateurs, le Conseil des gardiens visait ce seuil "fatidique". Étant majoritaire, il n'est pas certain que les réformateurs puissent rassembler l'assentiment des 2/3 pour un référendum dans le parlement actuel.