Dernière mise à jour
: 08/06/2003
"Les mots ont des ailes ou n'en ont pas. Les mots rugueux restent collés au papier, à la tables, à la terre.
Le mot Winnipeg est ailé. Je l'ai vu s'envoler pour la première fois sur le quai d'un embarcadère, près de Bordeaux."
LE WINNIPEG ET AUTRES POÈMES,
Pablo Neruda
Je m'amuse à jouir le jour, à nuire la nuit Adrien Pwatt
Réfléchir sur le sens, le comment et le pourquoi, des mots m'est une activité réjouissante.
Comparer les différentes
expressions, pour désigner la même action, s'avère un outil inestimable pour
comprendre la mentalité des autres, et pourquoi pas !, changer la sienne.
Ici, je souhaite partager le plaisir que j'ai à décortiquer, tourner, retourner et détourner les mots ; ces briques de notre édifice mentale.
"Le pot de terre se doit
de ne pas taire ce que se permet de faire le pot de fer"
Le rayon des mots par Camille Laurens dans l'Huma :
Voilà l'extrait de "Le dernier crépuscule du simorgh" qui m'a rafraîchi la mémoire :
Le simorgh est le mot persan pour dire le phénix, oiseau mythique qui, à la tombée de la nuit, s'installe dans son lit de myrrhe et d'encens, lance son cri avant de prendre feu, pour renaître de ces cendres. Dans le Langage des oiseaux (Sindbad), Attar, l'apothicaire devenu grand maître soufi, rapporte la légende persane du simorgh. Il y est question d'un voyage périlleux que les oiseaux entreprennent pour aller à la recherche du simorgh, oiseau fabuleux qu'ils veulent prendre pour roi. Presque tous meurent en cours de route, seuls trente d'entre eux arrivent au bout. Lorsqu'ils se présentent devant le simorgh (en persan le mot signifie également trente oiseaux), ils se voient en lui. Ils sont le simorgh, et le simorgh est trente oiseaux.
Ensuite, puisque je suis au "si" (30), et ce week-end (dans l'exposition Inde du Nord, Gloire des princes, louange des dieux, à la cité de la musique, Paris, je n'ai pas pu "piquer" ni "pointer" leur rubrique "l'éclectisme du sitar", mais vous pouvez le lire !) j'ai été confirmé dans l'idée que le nom de l'instrument "sitâr" vient de "setâr" persan ("se" = 3, "târ" =corde, "târ e mu" = un cheveu), je ne peux m'empêcher de vous faire part de mon idée :
Et si le mot "sitar" ne voulait pas tout simplement dire "trente cordes" (en tout cas, beaucoup plus que 3, târs") !
Comme chacun de nous pourra prendre conscience qu'une partie, au moins 1/30ème, de son dieu/roi/gourou/guide/maître/... (simorgh) se trouve en elle/lui-même, de même, dans l'absolu, chacun est doté de la possibilité de faire résonner, mieux : chanter, une partie de ses cordes (sitar). Je sais, je sais que je suis en train de rêver debout, mais ce n'est pas si sûr ! Avez-vous jamais prêté un oreille attentif au chant du corps de votre partenaire - si vous avez déjà eu la chance de le/la faire chanter de tous ses cordes. Dans ses moments sublimes, pas besoin de "vous mettre au diapason de elle/lui", vous y êtes déjà ?
Hélas, dans la vie "ici-bàs", je connais la distance, souvent le gouffre, qui sépare "la possibilité" de "sa conscience", mais le rêve, raisonnable et fou, du simorgh, sitar, diapason etc. nous donne et la rage de vivre, et celle de nous indigner/révolter contre tous ceux qui voudraient bien nous en empêcher.
Enfin, avouez que cela faisait bien longtemps que l'on ne vous avait pas raconté un si joli conte.
6/5/03
L'origine mythologique ou historique (les deux se confondent souvent) du ludique, du spectacle, nous éclaire sur la volonté d'asservir les spectateurs.
"Cette ruse des tyrans d'abêtir leurs sujets n'a jamais été plus évidente que dans la conduite de Cyrus envers les Lydiens, après qu'il se fut emparé de leur capitale et qu'il eut pris pour captif Crésus, ce roi si riche. On lui apporta la nouvelle que les habitants de Sardes s'étaient révoltés. Ils les eut bientôt réduits à l'obéissance. Mais ne voulant pas saccager une aussi belle ville ni être obligé d'y tenir une armée pour la maîtriser, il s'avisa d'un expédient admirable pour s'en assurer la possession. Il y établit des bordels, des tavernes et des jeux publics, et publia une ordonnance qui obligeait les citoyens à s'y rendre. Il se trouva si bien de cette garnison que, par la suite, il n'eut plus à tirer l'épée contre les Lydiens. Ces misérables s'amusèrent à inventer toutes sortes de jeux si bien que, de leur nom même, les Latins formèrent le mot par lequel ils désignaient ce que nous appelons passe-temps, qu'ils nommaient Ludi, par corruption de Lydi."
Quand j'étais sur les mêmes bancs que Boris Vian, à l'École centrale, j'ai appris qu'il s'est amusé un jour à noircir quelques pages par les formules mathématiques pour arriver à la conclusion que Dieu est égal à néant.
Depuis quelques années, je sais que le Dieu n'existe que dans la tête des gens, en général faible d'esprit. Mais Aujourd'hui je suis arrivé à une meilleur conclusion, même mieux que Vian. Voyez plutôt :
Tout commence par les explications sur l'étymologie de Cornucopiadans
l'excellent site :
The "rein" in "reindeer" comes from Old Norse hreinn "reindeer" of the same origin. The same root, less the [n], underlies the "sar" in Hindi sardar "person of high rank" from Persian sar "head" + dar "holder."
Le "hreinn" sans [n], m'a conduit à "herr" en allemand, et ensuite j'ai pensé à "Sir" en anglais, qui est encore plus proche de "sar". Ce dernier nous amène directement à "sire" et "Seigneur". Voyez que littéralement parlant, Dieu (le Seigneur) a pris sa racine dans la tête (sar en persan) des gens !
CQFD.
Réfléchir sur l'origine des mots peut donner lieu à des découvertes intéressantes. Par exemple vous connaissez le suffixe "-u" dans les mots comme "pointu", "aigu", "touffu" ou "feuillu", "ardu" ([h]ard+u) transformant un substantif en adjectif. Et bien la même chose existe exactement en persan : par exemple la peur se dit "tars", alors "tarsu" c'est "peuru" (peureux, couard). On en a un bon : "shâsh" (pisse) donne "shâshu" : quelqu'un qui pisse, en général où il ne doit pas, par exemple dans son lit !
Je n'ai pas en tête un cas commun, mais peut-être qu'un jour je, ou vous ?, tomberons dessus. En attendant, en voici un qui s'en approche : ventru et shakamu, bien que ce dernier veut plutôt dire "gourmand". Il est vrai que celui qui pense trop à (remplir) son ventre (shakamu), finira bien un jour par devenir ventru !.
J'ai des curiosités que je n'arrive pas à satisfaire. Alors je les pose comme questions. Ainsi depuis quelques temps (dans le cadre de l'élaboration d'un dictionnaire trilingue épistémologique), je tombe sur ce qui s'apparente fortement aux verlans. Exemple :
"gnose" a fourni une palanqué de mots en français (diagnose, connaissance, ignorance ...)
La question est : y-a-t-il un rapport entre gnose et signe ?
Le rapport logique est évident : le signe c'es l'outil de la connaissance, gnose. Sur le plan étymologique, le grand Robert et le Littré ne vont pas plus loin que "signum" latin pour l'origine du "signe".
Voyons la chose du côté persan : la racine "gnose" est "šnâ" (š se dit "ch", et â est un a long), et le signe est "nšân". L'interversion de n et š est très visible ici. Partant de là, la détection de cette intervention en latin devient plus clair !
Et si nos ancêtres avaient trouvé cet astuce pour traduire le rapport logique entre "gnose" et les "signes" le permettant ??
Puisque je suis dans le verlan, un exemple intéressant entre latin et persan pour désigner la même chose : prenez "nunc" (maintenant) et mettez le c au début pour obtenir :"cnun", maintenant vous aurez "maintenant" en persan "knun" ! Vous pouvez même aller plus loin ; sachant que "nunca" est "jamais" en espagnol (il y a ajout de ce "a" comme dans "a_normal"), en "verlan" (de droite à gauche) cela donne "aknun", l'autre forme (la première ?) de "knun".
10/08/02
Époustouflant : Je viens de confirmer mon hypothèse sur l'origine de "Marguerite". Dans le Grand Robert, il est seulement dit qu'il vient de "lat. margarita «perle»"Dans . Mais je sais que perle se dit "Morvârid" en Persan ! Alors une consultation de Littré :
ÉTYMOLOGIE :
Wallon, margriète ; du lat. margarita, perle, la fleur ayant été comparée à une perle. Le grec, d'où le latin margarita, paraît venir du persan mervarid, perle. Margarita est vox barbara, dit Pline, IX, 35 ; et J. Grimm le tire de l'anglo-saxon meregrôt, caillou de mer. Mais l'origine persane d'un mot grec est plus probable qu'une origine germanique ; et barbara convient aussi bien à la langue des Perses qu'à celle des Germains.
Et dire que pendant des années, j'ai vécu avec une fille qui portait un prénom d'origine Persane !!
Je vous apprends probablement rien en disant que Farsi, la langue Persane, est aussi une langue indo-européen[1]. L'ancêtre commun de toutes les langues de cette grande famille est porte le nom de PROTO-INDO-EUROPÉEN (avant on penchait plutôt pour le Sanscrit).
Dans le persan
d'aujourd'hui, le mot "div" désigne "le mauvais génie".
Saviez-vous l'expression "La dive bouteille" de Rabelais, où le "div" se montre plus
directement, en tant que le représentant de "divin" !
Selon Moïn[2], le "div" persan vient de
"Daiva" qui existe dans les vestiges datant de Xerxès, et
qui voulait dire "le mauvais dieu".
Selon Littré, ÉTYMOLOGIE
de DIVE
: Lat. divus ; sanscrit, deva, dieu, de div, ciel.
Ma théorie consiste à dire
que ce même mot a donné le Dieu en Français, et "Devil" en Anglais,
et div en Farsi.
Autrement dit, dans une
"scission idéologique" chez les indo-européens, les iraniens et les
peuples germaniques se sont trouvés face aux ancêtres des peuples latins.
"Le bon Dieu" de
l'un est devenu "le mauvais Dieu" de son ennemi, et vice versa !
Et dire qu'il y a des
millions qui croient à ces choses-là !!
Une autre confirmation vient
de la parenté évidente des mots pour "le bon Dieu" en Farsi (Khodâ),
Allemand (Gott) et Anglais (God).
9 octobre 2000
C'était ma conclusion jusqu'à ce que je commence à éplucher le "monument" de Dumézil : Mythes et épopées I. En effet, on trouve la solution chez lui :
"l'Iran a dédoublé le personnage de Vayu (Dieu du vent) : il est le seul ancien dieu qui ait fourni, et sous le même nom, un yazata à la bonne création et un daêva à la mauvaise." (Mythes et épopées I, page 64).
On peut donc affirmer que la "scission idéologique" était chez le même peuple ! A noter que le bon dieu en persan est devenu "yazdân" (à comparer avec yazata). Sachez aussi qu'en sanscrit, daivaest le destin (page 163). Et quoi de plus naturel que le destin émane des Dieux, tous venant du ciel, div.
Enfin, comme une lectrice m'a rappellé, voir les messages, le mot pour désigner le fou en persan est divâne. Ce qui veut dire "comme le div". En allant vers la source, sur le premier escalier, on trouve logique que le fou soit, se comporte, comme les démons. Mais ensuite on arrive au ciel ! De là à traiter tous ceux qui ont "perdu pied sur terre" (non-terriens) de fou, il n'y a qu'un pas. Dans cette catégorie, on peut classer tous les rêveurs (artistes créateurs), mais aussi tous les "idéologues" du ciel (prêtres, etc.) qui veulent nous "détacher" de notre mère, terre !
5/8/2002
Connaissez-vous ce que
"bouche-à-bouche" désigne ?
Pas en Français, mais en
Persan !
Cela veut dire exactement la
même chose que le "bouche-à-oreille".
Ils ont vu juste un peu plus
loin !
Pour propager une nouvelle,
un simple "bouche-à-oreille" ne suffit pas.
Faut-il encore que la 2ème
personne, à son tour, la raconte à quelqu'un d'autre.
"
bouche-à-oreille" + "oreille-à-bouche" = "bouche-à-bouche"
LOGIQUE !
Vous savez, peut-être, que
"copain" veut dire : partager le même ("co-") pain.
Alors, à votre avis "copine", C'est pour partager la même ... ??
Vous connaissez aussi
"concubin(e) : coucher avec.
Plus intéressant, une
théorie personnelle, vieux de 20 ans, mais à laquelle je tiens toujours :
"cocu" peut très
bien être la transformée de "cocul", la même prononciation. Ainsi
sa logique devient évidente !
Les années 80, ou 81.
8 juillet 2000
La science, sans le
"con" devant,
Peut être même
effrayant !
(C'est justement en ôtant
le "con" devant la science qu'elle risque de le devenir.)
fin 1999, à
l'occasion du tapage sur le bogue "2000"
C'est seulement la peur de voir disparaître un jour ce site (http://www.rfi.fr/fr.txt/Kiosque/LangueFrancaise/BreveHistoireDeMot) qui m'a amené à copier ceci !
Le mot "science"
Le mot apparaît pour la première fois dans LA CHANSON DE ROLAND en 1080. Il est issu du latin " scientia " qui possède deux sens : celui de connaissance, que l'on trouve en français dès le XIIe siècle, et celui de savoir théorique qui s'impose au XVIIIe siècle.
Au début, la " science " est un savoir-faire qui tient à la fois
aux connaissances que l'on a, et à l'habileté dont on fait preuve. Mais dès
le XIIe siècle, alors que se construit l'opposition entre pratique et théorie,
le mot se met à désigner un ensemble de connaissances ayant un objet
déterminé et surtout, une méthodologie.
A l'époque médiévale, la reine des sciences est la théologie. D'où les
expressions : " la science du bien et du mal " (1170) qui renvoie à
l'épisode biblique bien connu ; " avoir la science infuse " qui
signifie que Dieu lui-même a octroyé la connaissance par le biais de
l'inspiration. On ne s'étonnera donc pas que " science " ait alors
aussi voulu dire " certitude " avant de signifier " savoir
". On retrouve ce dernier sens dans le domaine de l'art poétique qu'on
désigne aussi sous l'appellation de " gaie science " en 1586,
expression directement inspirée du provençal " gaya sciensia ", et
que Nietzsche reprendra sous la forme du " gai savoir ".
A la Renaissance, la science concerne deux domaines d'activité : le droit, qui
est l'émanation de la volonté divine - on reste dans le registre religieux qui
prévalait au Moyen-age -, et les mathématiques qui instaurent un ordre dans le
monde. Léonard de Vinci le premier, pose que la science doit être fondée sur
le raisonnement formel et sur l'observation.
On voit donc que la science a d'abord été théologique, puis philosophique, ce
que la formule de Rabelais illustre bien : " Science sans conscience n'est
que ruine de l'âme ". Au XVIIe siècle, elle se tourne vers la nature
grâce à Francis Bacon et à Descartes, et elle impose sa méthodologie tandis
qu'une classification des différentes sciences se fait jour : on distingue
alors les sciences libérales, les sciences spéculatives, les sciences
naturelles et les sciences humaines, ces dernières regroupant la langue, la
grammaire, la poésie et la rhétorique. Les sciences curieuses (astrologie,
alchimie) s'effacent au profit des sciences occultes (1690).
Mais c'est au XIXe siècle que la science explose et que se confirme
l'opposition entre lettres et sciences (1835). Plusieurs expressions
apparaissent qui témoignent de la précision accrue du concept : sciences
positives (1860), expérimentales (1865), physiques (1868). En 1873, on
distingue les sciences pures des sciences appliquées.
Au XXe siècle, les " sciences dures ", calque de l'anglais, se
substituent parfois aux " sciences exactes " et s'opposent aux "
sciences humaines " qui prennent un sens proche de leurs cousines
anglo-saxonnes, les " social sciences " dont l'objet est l'homme en
société.
Le mot " science " a produit de nombreux dérivés dont, bien sûr,
l'adjectif " scientifique " substantivé dès le XVe siècle pour
désigner une personne très savante. Aujourd'hui, alors que le terme "
savant " est justement quelque peu tombé en désuétude, on parle à
nouveaux de " scientifiques " pour désigner ceux qui oeuvrent dans le
domaine des sciences exactes. " Chercheur " est aussi utilisé mais
sans distinction de domaine : on peut être chercheur en sciences humaines, en
sciences exactes ou en littérature.
Le " scientisme " (1911) est un terme péjoratif issu de "
scientiste " (1898) qui lui ne l'était pas: il désigne le mouvement, issu
du positivisme, qui posait comme Berthelot que " la science est la
bienfaitrice de l'humanité ", et qu'elle peut résoudre tous les
problèmes philosophiques. Au XXe siècle, on est devenu plus méfiant et on a
même commencé de croire, comme l'écrivain A. Huxley que la science pouvait
être " un danger public ".
Le plus récent néologisme est " scientologie ", mot traduit de
l'anglais " scientology ". Il s'agit d'un terme hybride qui associe la
racine latine de science, " sciens " au suffixe " logie "
qui signifie...science. Le mot est donc parfaitement tautologique, et il
témoigne, par sa construction même, des prétentions grotesques à la
scientificité d'une secte à la recherche de légitimité.
Chantal de Grandpré
" On ne peut pas mettre sur le même plan toutes les civilisations (...)
L' Occident continuera à occidentaliser et à s'imposer aux peuples. "
Sylvio Berlusconi, 27/9/2001
Si l’ Orient peut
nous orienter,
Faut-il en conclure :
Que l’ Occident peut nous oxyder !
[1] Quoi
que l'on est jamais à l'abri d'une surprise : il y a quelques années, une amie
iranienne vivant en France, entendait l'expression "indo-européen"
pour la 1ère fois de ma bouche !
[2] Dictionnaire Persane en 6 volumes, page VI introduction
[3] ce qui, grâce au français, n'est pas loin de "jouir" ! Voyez-vous les énormes avantage de la mélange des cultures, comme les mets ?
Littré : Lat. lascivus, qui aime à jouer, qu'on rattache au sanscrit las, jouer, ou lash, désirer, jouir, prendre, qui ne sont sans doute qu'un même mot.