Dernière mise à jour : 05/05/2003

 

Rare est le nombre de ceux qui regardent avec leurs propres yeux

 et qui éprouvent avec leur propre sensibilité.

"Albert Einstein, Comment je vois le monde"

Notre philosophie

Sommes-nous  conscients que nous nous "faisons" à chaque instant ?

Quand est-ce que nous nous déciderons d'assumer la responsabilité de nos actes et paroles, au lieu d'accabler les autres (le ciel et la terre) ?

 

 

 

Pourquoi hédoniste ?

Postulat de base (et valable jusqu'à la preuve du contraire) :

Il n'y a rien au delà de la mort. Une fois, et seulement après être devenu convaincu de cela, la voie pour profiter de notre passage ici-bas s'ouvrira devant nous. Du coup, les soi-disant "raisons" pour mentir, chercher la "renommé" ou l'argent, le pouvoir (pour en faire quoi au juste ?) deviennent dérisoires, pour ne pas dire illusoires. Il ne reste plus de "justificatif" qui nous pousserait à prétendre connaître plus que ce que nous savons véritablement.

Avant tout, je vous souhaite le plaisir d'apprendre (indissociable du pouvoir se remettre en question), ce qui est à la portée de tout un chacun d'entre nous, à condition d'être conscient de son ignorance, vive la modestie libératrice !


 

Durant notre vie, ô combien courte et  passagère, nous sommes constamment guidés par nos désirs ou envies qui proviennent de deux sources : nos besoins (plutôt objectifs, a priori) et nos plaisirs (plutôt subjectifs, a posteriori).

Comme l'origine étymologique de "désir" (manque des astres ?, en passant par "sidérer"), les besoins "biologiques" (ou physiques) traduisent un manque (l'envie de boire provient de notre soif). Pour les satisfaire, la quantité prime sur la qualité (nous buvons jusqu'à "plus soif"). Ce stade, la satisfaction de nos désirs biologiques, nous met en "bonne disposition" et nous permet de nous occuper de notre (bon) plaisir.  En général, l'envie des plaisirs provient des (bons) souvenirs des plaisirs expérimentés dans le passé. C'est en cela que ces désirs ont un caractère d'a posteriori (par rapport à leurs satisfaction). Dans ce cas, la présence du choix (pouvoir sélectionner) est une condition sine qua non. Ainsi, c'est parce que nous avons déjà "goûté" (apprécié) le vin que nous optons pour ce boisson (plutôt que de l'eau ou de la bière). Cette foi-ci (dans la satisfaction de nos désirs liés à notre propre plaisir) la qualité (le choix) prime sur la quantité (nous buvons le vin avec délectation, non jusqu'au "plus soif"). Et cette satisfaction nous  "remplit" de joie, et non d'une liquide quelconque ; d'où son aspect subjectif.

Les désirs de toute personne lui sont indiqués par ses sens. Nous pouvons donc affirmer que nos sens donnent un sens à notre vie, et nous montre le sens de notre conduite, la démarche à suivre !

Croyez-vous que toutes ces emplois du même mot soient un simple fruit de hasard, ou vous êtes en train d'avancer vers une vision sensualiste du monde ?

Qu'en est il de la distinction entre la sensibilité de la sensualité ?

Tous les vivants sont des êtres sensibles ; ils sont affectés par leurs besoins "biologiques".  La satisfaction des désirs primaires (faim, soif et libido) participe à notre bien-être[1], notion relativement objective, mais "passive" (dans le jargon Nietzschéen). Ceci n'est que le point de départ vers le mieux-être. Autrement dit, ce premier niveau est  indispensable pour que le sujet épanoui (ouvert au monde et non replié sur "ses douleurs"), puisse envisager sa sensualité : rechercher tout ce qu'il peut savourer, déguster etc., bref tout ce qui peut flatter ses sens, notion plutôt subjective (fonction de l'expérience individuelle), mais nécessitant une démarche consciente (active).

 En tant que seuls intermédiaires entre l'être et son environnement, les cinq sens "matériels" sont essentiels. Ils interviennent dans les deux processus, actif et passif. Ils nous procurent des sensations réelles.

Au-delà de notre affectation "directe" par nos cinq sens ; notre faculté d'éprouver les impressions, immédiates et intuitives, un nouveau sens entre en jeu. Le cerveau synthétise, sans cesse, les "rapports écrits" des organes sensoriels. Il ne "sent" pas, mais "perçoit". Ce qui lui confère la capacité de cette synthèse (on ne peut être à la fois dehors et dedans !). Il lui ajoute le facteur temps, avec toute sa charge, la mémoire sélective, donnant naissance à un "sens", qui contient plus qu'une simple addition algébrique des cinq sens, puisqu'il y a un apport qualitatif du cerveau. Ce dernier définit l'essence, au moins pour partie subjective, distinctive de chacun. Il capte et traite nos interactions de chaque instant des sens physiques avec le monde extérieure. A son tour, il nous informe de nos besoins objectifs, et  "génère" tous nos désirs subjectifs.

Le territoire des subjectivités est éclairé par des notions abstraites, notions qui, jusqu'à la preuve du contraire !, n'ont pas de représentation matérielle ; comme "l'âme", "la (sous/in)conscience", "la mentalité", "la personnalité", etc. C'est bien le cerveau qui définit la manière d'être, de raisonner et d'agir à chaque instant de notre vie.

Nous apprenons très vite de ne pas nous fier entièrement à nos sens. Mais nous oublions aussi de nous méfier de ce "sens cérébral", notre "jugement". Nos préjugés nous coupent du monde réel. Ils nous privent des plaisirs des surprises. On n'envisage jamais assez souvent, et suffisamment, son propre "erreur de jugement". 

Puisque "penser, c'est éliminer[2]", autant que faire se peut, analysons la situation concrète le plus sciemment (activement) possible ! Ne cédons pas à la paresse de l'esprit, en nous contentant d'être de simples récepteurs (ne parlons pas des imitateurs !).

On peut donc affirmer que nos sens, directement et "indirectement" (via notre cerveau), constituent notre essence, l'être. Nous mourrons parce que nous ne sentons plus : plus d'interaction entre nous et le monde. Le maître mot chez nous c'est la volupté.[3]

La condition nécessaire à notre épanouissement est la recherche du plaisir et l'évitement de la douleur. Les hédonistes sont conscients de cette condition. Il va sans dire que les dénigreurs des sens et les mépriseurs de la sensualité (et par conséquent les haïsseurs du corps et les tribuns du péché) ne sont même pas jugé dignes de notre attention.

Hiérarchie des plaisirs[4]

A l'instar de Bourdieu, rappelons-nous que "nous apprenons par corps. L'ordre social s'inscrit dans les corps à travers cette confrontation permanente." (Méditations pascaliennes, P. Bourdieu p. 168, voir aussi ma contribution originale : les  croyances les plus simples sont les plus têtues !). Ce n'est pas pour rien que toutes les mystifications commencent par le dénigrement de ce corps, humble et terrestre.

Notre préférence, priorité, va vers la satisfaction de chacun de nos cinq sens, les plus directs et "matériels" (réels, immédiats). Pourquoi ? Parce que ces sens nous renseignent sur nos besoins réels de notre corps.

En qualifiant beaucoup de besoins subjectifs de " besoins factices" (Littré : besoin qui résulte non de la nature, mais du caprice ou de l'habitude), nous les récusons de manière catégorique. A ne parler que des "besoins" les plus répandus de nos jours, l'envie du pouvoir ou de l'argent (surtout pour en amasser) se manifestent dans un environnement social malsain. Une société qui assure, d'une manière durable, le bien-être de ses sujets, doit logiquement remédier à ces fléaux, au moins dans ses dimensions sociales (les problèmes personnelles, d'ordre psychologiques, ne sont pas traités ici !).

Conscients de notre retour au sol, il nous plaît d'aller droit à l'essentiel. Dans la nature et chez les objets, ce qui nous importe c'est leur valeur d'usage et non leur valeur d'échange. La chose la plus précieuse dont nous disposons est donc le temps, la matière première finie (limitée, épuisable) de notre vie, coulant inexorablement, toujours dans le même sens. Puisque l'on n'a pas de prise sur nos dépenses, libellées en seconds !, en tant qu'être conscient, nous devons nous mettre à la recherche de la "chose" la plus précieux en échange.  Cette "chose" pour nous se nomme "la volupté", d'où notre appellation "hédoniste".

Les plaisirs offerts, par la satisfaction de nos désirs, sont nolens volens les principaux aiguillons de notre vie.

 Ceci n'est pas une trouvaille personnel. Le grand, parce que ô combien lucide !, Khayyâm a déjà exprimé cette idée :

L'évolution de l'Univers, sans vin et l’échanson, n'est rien.
Sans le murmure d'un instrument, d'une chanson, n'est rien.
Pour autant que j'observe les révolutions de l'Univers, il me viens :
Que la jouissance est le seul acquis, le reste, en somme, n’est rien.[5]

Sept siècles plus tard, Diderot n'en était pas loin quand il disait :

« Le calcul que vous trouvez si mauvais est pourtant celui de toutes les passions. Des années entières de poursuite, pour la jouissance d'un moment. »

Étendre ou aiguiser notre bien-être (nos sensations) nous procure déjà du plaisir "palpable". Mais pour nous, ceci n'est qu'un premier pas, un pallier sur l'échelle qui nous mènera plus loin, vers le bien-vivre.

 La différence entre les deux consiste à adopter une attitude active vis-à-vis de la vie. On peut se contenter de boire pour assouvir sa soif. Mais boire "sciemment"  (à l'instar d'Omar, il nous est difficile de ne pas parler de vin ! comment ne pas chérir la langue dans laquelle "boire" voudrait surtout dire "boire du vin" !), avec tous les sens mise en éveil, peut rendre cet acte sensuel.

 Nous chérirons donc les plaisirs qui nous procurent le plus de sensations (agréables). Nous découvrons que la capacité de l'excitation de chaque sens, d'une façon indépendante, est limitée (ou peut-être que nous sommes gourmands ?). Il ne nous reste donc qu'à essayer à les combiner plus consciemment (puisque  nos sens sont bien plus imbriqués qu'il nous parait à première vue. La science y est à ses premiers pas. Par exemple Alain Berthoz, professeur au Collège de France, spécialiste de la physiologie de la perception et de l'action dit (LeMonde 29.09.04) : "on ne regarde pas une œuvre d'art avec l'œil mais avec le cerveau" et que celui-ci "combine des informations multisensorielles".). Comble de bonheur, nous constatons que la limite "séparément détectée " de chacun des sens est ainsi repoussée plus loin. C'est l'effet de l'interaction des sens grâce au cerveau. (De même qu'un effet désagréable sur un sens donné a un effet dissuasif sur les autres ; par exemple, nous sommes pas très enclin à goûter à un aliment dont l'odeur, ou l'apparence, nous déplaît).

Le deuxième degré consiste donc à combiner les sensations agréables pour amplifier notre plaisir. Le meilleur exemple, encore une fois !, étant un bon vin qui est un festin pour nos différents sens.

Dans le quatrain de Khayyâm, vous remarquerez qu'il ajoute la musique au bon vin, pour chatouiller tous les sens. Assurément,  le son de "trinquer" ne lui suffit pas !

A l'instar de Rabelais, "les sens de proximité" (l'odorat, le goût et le toucher) prédominent naturellement ; puisque plus concrets et immédiat. La "présence triomphante du corps et de ses fonctions dans la fête populaire prémoderne" nous convient (L'Œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la renaissance, Bakhtine, Gallimard 1970). Bouffon, dans Histoire naturelle, chérissait le toucher dans ces termes :

"C'est par le toucher seul que nous pouvons acquérir des connaissances complètes et réelles, c'est ce sens qui rectifie tous les autres sens dont les effets ne seraient que des illusions et ne produiraient que des erreurs dans notre esprit, si le toucher ne nous apprenait à juger."

Les "sens de distance", vue et ouïe, viennent ensuite (en ceci nous sommes contre le courant qui a progressivement prédominé depuis le 17ème en Europe, voir Méditations pascaliennes, P. Bourdieu p. 34), préférant le doctrine de Démocrite qui "semble apprécier tous les plaisirs, ne les hiérarchisant jamais et les justifier toujours, pourvu qu'il ne troublent pas la sérénité et l'équilibre du sage."  (Michel Onfray, Théorie du corps amoureux, p. 87).

Ceci revient à se lever contre les mysticismes ("rideau" selon les soufis) autour de "l'esprit". Suivant en cela Fan Shen qui, aux environs des années 500 de notre ère, affirmait la solidarité entière du corps et de l'esprit, en disant : "mes mains et toutes les parties e mon corps [...] sont toutes des parties de mon esprit". (L'intelligence de la Chine, le social et le mental, J. Gernet, Gallimard 1994, p. 273-277)

Continuant ainsi sur l'échelle de l'espace-temps (cette fois-ci, comment ne pas chérir la langue persane dans laquelle le même mot "gâh" désigne aussi bien l'espace que le temps, des siècles avant Einstein !), nous cherchons notre béatitude (toujours terrestre !) dans l'excitation d'autres sens, à l'origine de nos plaisirs, "cérébrales" :  comme la curiosité intellectuelle, à la base de la contemplation, compréhension et la création. Dans l'observation (action des sens "primaires") d'une œuvre d'art, notre jugement est souvent notre  "sens esthétique". Même ici, comme dit H. Marcuse paraphrasant Hegel  : "derrière la forme esthétique, on trouve l'harmonie de la sensualité et de la raison". [6]

Voici une nouvelle entité qui peut nous procurer du plaisir : la raison, le fruit de notre cerveau. La raison et ses mécanismes sont les matières premières de la philosophie. Ils sont traités (étudiés et développés) par les sciences. L'interaction de la raison avec les autres sens est de même nature que l'interaction entre deux sens "matériels".

De la même manière que boire du vin en compagnie d'un "cher" ami amplifie votre plaisir du boire, une "bonne" communication, (l'établissement de "courant" entre les cerveaux) pourra amplifier notre plaisir. Par exemple, lorsque vous saisissez quelques "subtilités" d'une œuvre d'art (mécanismes de raisonnements "internes" de l'artiste) vous vous régalez davantage de son œuvre. Le grand Diderot avait déjà trouvé que "le plaisir s'accroîtra à proportion de l'imagination, de la sensibilité et des connaissances". Il définit "le goût comme une facilité acquise par des expériences réitérées, à saisir le vrai ou le bon, avec la circonstance qui le rend beau, et d'en être promptement et vivement touché".(Essai sur la peinture, page 1169, Pléiades)

Le plaisir partagé augmente le plaisir de chacun ! Cela peut paraître naturel. Pourtant, d'après nous, cela est beaucoup mieux exprimé dans l'hédonisme "oriental" que dans, au moins une partie, de l'hédonisme occidental. En occident, celui-ci a souvent pris des allures aristocratiques, justifiant la souffrance de l'autrui pour son propre plaisir. Basé sur l'inégalité des hommes, pour le moins, il n'est pas cohérent. Ayant abandonné la position égocentrique depuis longtemps, et surtout connaissant notre destin commun, nous n'avons aucun mal à nous imaginer à la place des autres !

L'hédonisme oriental est un "hédonisme solidaire" qui, à juste titre, cherche une partie de son propre plaisir dans celui des autres. N'aimant pas souffrir, nous n'aimons pas voir les autres souffrir. A fortiori, loin de nous l'idée de les faire souffrir (les tortionnaires sont des malades, et le sado-masochisme, comme une pratique partagée de plein gré, est en dehors de notre champ d'investigation ici !).

Toujours dans le même quatrain, l'échanson est le symbole du plaisir partagé. Pas seulement le plaisir de boire ensemble, mais aussi ce que deux êtres s'attirant peuvent se faire dans leur intimité. D'après nous, il est l'ultime plaisir ; quel meilleur exemple que la fusion, attendue et espérée, entre deux, se faire plaisir tout en augmentant celui de son partenaire, entamer le jeu spiral et paradisiaque ! Quand les choses se passent bien, ce plaisir est tellement plein (épanouissant) qu'il peut légitimement être considéré comme l'étalon de tous les plaisirs.

Sachant que l'état mental est aussi un état physique[7], nous ne reconnaissons donc que les sources physiques à nos jouissances, que l'on pourra classer en deux catégories :

Il convient de ne pas sous-estimer les interactions entre ces deux catégories, tant il est vrai que "je" ne deviens  "moi-même" qu'à la suite de l'empreinte de  "l'autre" sur moi. C'est ainsi, et à condition de ne pas en abuser, que le premier (boire) favorise l'accomplissement du deuxième (boire ensemble) ! Tout un programme !!

L'aspect social du plaisir est tellement important que les mots "révolution" et "désir" sont de même origine (astrale).

Chacune de ces deux catégories pourra, à son tour, se diviser en deux :

1.     sensorielles, directes.
2.     cérébrales (intellectuels) comme perception, classement[9],  résonance[10], rechercher  pour comprendre et savoir[11] , mais aussi pour se corriger, changer d'avis et d'orientation, etc., tous ces concepts interagissent avec la raison (les sciences et la philosophie) et avec l'imagination (les arts[12]). 

C'est tout naturellement que nous nous réjouissons des plaisirs des autres, car nous préférons côtoyer les gens épanouis. Comme Diderot, nous sommes persuadés que "l'Homme éprouve du plaisir à être bon". Et comme lui, nous sommes pour une éthique où "le bonheur individuel et le bien général coïncident."

Le stade suprême de ce bonheur se nomme l'ivresse ! Dans le vin, mais pas seulement ! (voir aussi enivrez-vous de Baudelaire). Vous avez bien compris que l'amour, et en premier lieu l'acte sexuel quand cela se passe comme il faut, est "le plaisir suprême" , je viens de trouver Socrate d'accord avec ceci, puisqu'il demande à son interlocuteur dans la République s'il connaissait : "plaisir plus grand et plus vif que le plaisir d'amour." (Histoire de la sexualité II, l'usage des plaisirs, Michel Foucault, page 68).

khayyam paris
l'effort pour la compréhension des fondements des fichus/foulards/tchadors etc. devrait nous ramener de plus belle vers nos fondamentaux
cette photo est là pour vous faire voir de quel bois se chauffe notre "fondamentalisme".

Ceci nous aide à mieux comprendre notre cher Khayyâm quand il dit :

Man zâher e Nisti o Hasti dânam,
Man bâten e har frâz o pasti dânam ;
Bâ in hame, az dânéš e xod šarm am bâd,
Gar martabe i farâ ye masti dânam.

De l'Etre et du Néant, j'en connais l'apparence.
De chaque montée et descente, je connais son essence.
Avec tout ceci, je serais honteux de toute ma science,
Si d'une étape au-delà de l’ivresse, je reconnaissais l'existence !

Est-ce que cela veut dire qu'il faut oublier le monde environnant ? Cela ne dépende pas de nous, puisque chacun vit dans son espace-temps qui lui est propre.

 Nous ne pouvons donc pas oublier que nous ne sommes que des (tous petits) fruits de toutes nos histoires (mémoires) : 

·        génétique (apparaissant à une étape donnée de l'évolution des espèces),
·        collective (socioculturelle, familiale, etc.)
·        et en dernier lieu "individuelle" (singulière)


Acquérir des connaissances pourrait signifier la prise de conscience de la petitesse (insignifiance) de cette dernière partie. Autrement dit, bien souvent, quand les gens évoquent les "singularité, particularité" de telle personne, phénomène, etc., il sont en train de trahir  leurs ignorances des mécanisme en jeu.

Mais en faisant fi de tous les préjugés (moraux, sociaux etc.), dans la mesure de nos possibles, nous essayons de construire notre propre jugement, en nous efforçant de rendre la vie meilleure. C'est précisément cette vie qui est si enivrante ! Étant optimiste sur la nature humaine, nous sommes convaincus qu'un autre monde est possible ! nous sommes conscients que le chemin est long, mais cette constatation ne nous empêche nullement de l'entamer (on ne compte pas quand on aime !).

Si vous trouvez ces conclusions logiques, vous aurez, peut-être, l'occasion de les expérimenter par vous-mêmes, et de constater qu'elles vous mèneront loin.

Il n'appartient qu'à vous de choisir vos matières premières pour la construction de "votre" escalier (l'échelle de valeurs), mais ne perdons pas de vue l'objectif à atteindre : le bonheur humble et terrestre et le septième ciel ici-bas !


[1]   D'après Changeux, les structures nerveuses qui interviennent dans la  satisfaction des désirs primaires sont logés exclusivement dans l'hypothalamus. ("Raison et Plaisir", Jean-Pierre Changeux, Éditions Odile Jacob, Page 45)

[2] Changeux revient plusieurs fois sur cette définition dans son livre,  "Raison et Plaisir", cherchez les pages vous-même !

[3] Le Grand Robert : Vif plaisir des sens, que l'on goûte pleinement. N'ayant pas trouvé le mot adéquat pour "hédoniste" en Persan, nous avons opté pour un mot qui signifie littéralement "voluptiste" ! Pour le placer dans un cadre historique, et savoir pourquoi nous ne sommes pas "épicurien", voyez l'article sur le volupté dans l'Encyclopédie de Diderot.

Par contre voici une citation de Montaigne qui nour ravit :  "De vray, ou la raison se moque, ou elle ne doit viser qu'à notre contentement ...Les discussions des sectes philosophiques, en ce cas, sont verbales ...Quoi qu'ils disent, en la vertu même le dernier mot de notre visée, c'est la volupté. Il me plaît de battre leurs oreilles de ce mot, qui leur est si fort à contre-coeur". (de l'introduction "d la nature" de Lucrèce, publié par le club français du livre, 1968)

[4] Attention ! La notion du plaisir est une mesure essentiellement subjective. Rien de plus dangereux que de vouloir, où d'avoir la prétention de, définir (classer) les plaisirs d'autrui à sa place !!

 

Si on n'a pas la qualité d'écoute, ou la patience, de découvrir (en vue de les satisfaire éventuellement !) ce qui fera plaisir à autrui, il vaudra mieux se contenter de ses plaisirs solitaires !

 

Dans ce qui suit, je définirai les marches de l'escalier dans leurs généralités, tels que je les conçoit, sans préciser de quelle matière cet escalier est construit ! 

 

[5] Ceci est une traduction personnelle de son quatrain en Farsi (transcrit avec les caractères latins) :

 

Dowrân e jahân bi mey o sâghi hich ast,
bi zamzamé ye sâz e erâghi hich ast;
har chand dar ahvâl e jahân mi négaram,
hâssel hamé eshrat ast o, bâghi hich ast.

 

[6] "Raison et Plaisir" , Jean-Pierre Changeux, Éditions Odile Jacob, Page 41

[7] "Raison et Plaisir" , Jean-Pierre Changeux, Éditions Odile Jacob, Page 78

[8] d'un(e) ami(e) ou amant(e), jusqu'à une assemblée, toute un  "pays", et la société des terriens (pas seulement le genre humain).

[9] Sur "classer", Humphrey argue qu'une faculté aussi "vitale" a dû évoluer comme une source de plaisir. ("Raison et Plaisir" , Jean-Pierre Changeux, Éditions Odile Jacob, Page 73)

[10]La résonance est un plaisir très particulier, auquel je tiens particulièrement. Il s'agit de constater une concordance entre vos "trouvailles personnelles" (convictions) et l'idée d'un penseur (ou artiste). Un exemple éclatant est la citation suivante de Diderot, que je viens de découvrir après avoir écrit cet essai, (voir aussi mes écrits) :

Toute l’économie de la société humaine est appuyée sur ce principe général et simple : je veux être heureux ;
mais je vis avec des hommes qui comme moi veulent être heureux également chacun de leur côté.
Cherchons le moyen de procurer notre bonheur en procurant le leur,
ou du moins sans jamais y nuire.

Est-ce que vous comprenez mon plaisir de me trouver en "résonance" (aussi proche) avec quelqu'un que j'estime tant ?? Après tout, ceci n'est pas très étonnant ; parce que nous, le grand Diderot et (le tout petit) moi, nous sommes, tous les deux, les enfants de Khayyâm (comparez cette citation avec son quatrain sur la page d'accueil).

[11] "La recherche doit rester un jeu où le chercheur s'exprime le plus librement possible. Motivé seulement par l'espoir d'une grande découverte, le chercheur qui ne prend pas plaisir à la pratique quotidienne de son métier ne sera jamais créatif." Pierre Joliot dans l'entretien réalisé par Jean-Claude Oliva pour l'Humanité 14/3/2001

 

"Comme disait Einstein, dans Comment je vois le monde, : La joie de contempler et de comprendre, voilà le langage que me porte la nature." Ou encore : "La recherche procède par des moments distincts et durables, intuition, aveuglement, exaltation et fièvre. Elle aboutit un jour à cette joie, et connaît cette joie celui qui a vécu des moments singuliers."

[12] Selon Schiller, L'œuvre d'art réconcilie "les lois de la raison avec les intérêts des sens". ("Raison et Plaisir" , Jean-Pierre Changeux, Éditions Odile Jacob, Page 146)